Trois Sublimes Canailles - Three Bad Men - 1926 - John Ford

Faja Sam 17 Fév - 4:50

Aux USA en 1876, des centaines de pionniers convergent en convois sur Custer, un comptoir commercial du Sud Dakota, pour participer à une course en vue d'obtenir des parcelles de terres aurifères confisquées aux Indiens par le gouvernement.
Parmi eux, la séduisante Lee (Olive BORDEN) fait la connaissance du fringant Dan (George O'BRIEN) qui ne la laisse pas indifférente, avant de rencontrer dans des circonstances tragiques, trois surprenants hors-la-loi, Bull (Tom SANTSCHI), Mike (J.Farrell MacDONALD) et Spade (Frank CAMPEAU).

Un western à la fois drolatique et tragique comme FORD les affectionnera toujours ; le dernier de sa "période muette".

Sous leurs couvre-chefs extravagants et avec leurs tronches de gargouilles, les trois larrons forment une trinité pas très catholique.
Face à eux, le shérif, un brin efféminé, propre sur lui et portant beau, ressemble à un enfant de chœur.
Mais les apparences sont trompeuses et FORD prend un malin plaisir à faire tomber les masques.

Malgré quelques passages à vide, l'intrigue reste captivante, dopée par un mélange roboratif de gags, de blagues, de séquences "émotion" et de scènes mouvementées.
La plus spectaculaire, c'est la course -un fait historique- une gigantesque cavalcade lancée au son du clairon et du canon.
Elle provoque le rire quand apparaissent parmi les participants un homme sur un vélocipède et un journaliste sur son chariot avec sa presse, prémices de l'info en continu...
Elle donne des frissons quand un bébé oublié par ses parents, se retrouve à terre face à la ruée avant d'être récupéré in extremis par un cow-boy au galop.
Quant au final, il ne manque pas de panache avec trois sublimes sacrifices... pour faire héroïque, un dernier intertitre "Les années passèrent, l'Ouest fut conquis et ceux qui vinrent pour dénicher un trésor l'ont découvert dans la récolte de grains dorés"...pour faire biblique et une histoire d'amour qui se termine bien...pour faire joli.

FORD utilise les mouvements de caméra avec parcimonie et toujours à bon escient en privilégiant les plans fixes variés et superbement composés : nombre d'entre eux méritent un arrêt sur image pour les admirer comme on admire un tableau de maître.

Sans être un trésor cinématographique, cette œuvre du jeune FORD -il a 30 ans au moment du tournage- est riche de petites pépites.
Les chefs-d'œuvre se succéderont en nombre, plus tard, de la fin des années 30 à la fin des années 50.