Les Cheyennes - Cheyenne Autumn - 1964 - John Ford

[Faja]

Lassés des promesses non tenues, les Cheyennes décident de quitter la réserve dans laquelle ils sont cantonnés pour rejoindre leurs terres ancestrales.
Conduits par leur vieux chef et ses deux fils (Ricardo MONTALBAN, Gilbert ROLAND) et accompagnés de Deborah, une institutrice quakeresse (Caroll BAKER), guerriers, femmes et enfants entament une longue marche.
La cavalerie US commandée notamment par le capitaine Archer (Richard WIDMARK) se lance à leur poursuite.

C'est le dernier western de John FORD ; il a dit l'avoir réalisé parce qu'il s'estimait débiteur des indiens que les héros de ses films avaient si souvent spoliés, maltraités, tués.
Mais il n'a pas laissé la mauvaise conscience altérer son jugement ; il sait bien que le préjugé est une propension universelle : quand l'indien affirme que tous les mots des blancs sont des mensonges, le blanc affirme que l'indien naît guerrier sanguinaire ; et il n'ignore pas qu'il y a eu des massacreurs dans les deux camps, même si la question de savoir qui est le premier agresseur peut jeter le trouble.
Quant à la fin du film, loin d'être heureuse, elle est teintée d'amertume : les cheyennes ont retrouvé leurs terres ancestrales grâce à l'intervention du secrétaire d'Etat à l'Intérieur ( Edward G.Robinson ) et leurs chefs voudraient fêter l'évènement avec le calumet de la paix mais ils n'ont plus de tabac ; le secrétaire leur propose alors des cigares en disant " nouvelle coutume ! " ; un beau geste mais c'est la coutume du vainqueur qu'il leur impose...

Pourtant et malgré la Super Panavision et la flamboyance du technicolor, Les Cheyennes  manque singulièrement de souffle ; à l'automne de sa vie, Ford est fatigué et comme il l'a confié sur le tournage à George O'Brien : " ça n'est plus du tout amusant ".
La longue marche des indiens s'étire un peu trop et les nombreuses péripéties ne parviennent pas toujours à dissiper l'ennui qui s'installe.

Reste le génie artistique de Ford qui éclate ici encore dans ses cadrages inimitables et sa façon presque picturale de composer de sublimes tableaux avec sa caméra.

Reste aussi comme un Mémorial, ses allusions nombreuses aux personnages de ses autres westerns :
L'institutrice Deborah c'est la sœur de Clémentine de La Poursuite Infernale qui projette d'ouvrir une école à Tombstone et dans l'intermède de Dodge City, Wyatt Earp (James STEWART) et le Doc Holliday (Arthur Kennedy) qui se retrouvent autour d'une table de jeu sont tout droit sortis du même film.
Le capitaine Archer c'est le frère du capitaine humaniste Kirby York du Massacre de Fort Apache.
Et les cavaliers US qui galopent ou cheminent sur leurs montures ce sont les cavaliers de La Charge Héroïque ou de Rio Grande.

Ces références sont d'autant plus émouvantes qu'avec Les Cheyennes, le rideau se referme définitivement sur la grande scène westernienne de Ford en nous laissant sur notre faim, the END...

[Rex Lee]

Un film que j'aurais aimé aimer: un épisode de l'histoire des Indiens rarement, sinon jamais, porté à l'écran, des paysages splendides, une distribution trois étoiles, John Ford aux commandes.
Et pourtant, la montagne a accouché d'une souris: le film est trop long et, comme l'a signalé Faja, on s'y ennuie quelque peu en le visionnant. On perd même parfois le fil conducteur du récit du fait de digressions incongrues: ainsi, l'épisode loufoque avec Wyatt Earp et Doc Holliday me semble de trop.




De très belles scènes, il faut l'avouer...Carroll Baker / Dolores del Rio