Toni - 1935 - Jean Renoir

Faja Ven 6 Oct - 6:21

Amoureux de l'aguichante Josefa (Celia MONTALVAN), Toni un immigré italien (Charles BLAVETTE) délaisse peu à peu son amie Marie (Jenny HELIA) qui l'avait hébergé à son arrivée en Provence.
Mais d'autres hommes convoitent Josefa : Albert contremaître à la carrière (Max DALBAN) et même son cousin Gabi (ANDREX).
Les désirs s'aiguisent...

"Toni correspond à une de mes crises de réalisme aigu" déclarait RENOIR en 1957 à la télévision et il ajoutait : "j'ai fait le film dans de vraies maisons, dans de vraies rues, dans de vrais intérieurs avec des moyens de fortune ; j'ai fait ce film avant qu'on ne fasse des films de ce genre, voilà tout."
C'est cette singularité qui rend remarquable ce film tourné non pas en studio mais en Provence, sans pour autant en faire un chef-d'œuvre comme certains se plaisent à l'affirmer.
Luchino VISCONTI assistant-réalisateur sur Toni s'en serait inspiré pour réaliser Les Amants Diaboliques en 1943, le premier film néoréaliste italien.

L'action basée sur un fait divers - une sordide affaire de meurtre en 1931 près de Martigues - se déroule chronologiquement sur une période de 3 ans ; elle est scindée en de nombreuses saynètes de durée variable et de qualité inégale aussi bien au niveau de la réalisation que de l'interprétation.
Ce procédé nuit à la progression dramatique du récit tout en permettant à RENOIR d'éviter l'écueil du mélo.
C'est bien une tragédie qui se joue devant nous avec des chanteurs piémontais en guise de chœur antique.
Mais l'émotion n'est pas au rendez-vous : la faute à des dialogues sans relief et à des comédiens peu convaincants.
Mis à part le cadre géographique, on est très loin de l'univers de Marcel PAGNOL qui a pourtant produit le film.

Ce drame parle aussi d'un temps révolu où on croyait que "dans le midi de la France, en pays latin..., la nature détruisant l'esprit de Babel savait si bien opérer la fusion des races" comme le proclame RENOIR dans son préambule.

Cette œuvre austère qui n'a eu aucun succès à sa sortie en 1935, mérite néanmoins de figurer dans la catégorie des curiosités.