Cérémonie secrète - Secret Ceremony - 1969 - Joseph Losey
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Cérémonie secrète - Secret Ceremony - 1969 - Joseph Losey
En se rendant sur la tombe de sa fillette disparue accidentellement, Leonora une prostituée ( Liz TAYLOR ) est abordée par Cenci, une jeune fille ( Mia FARROW ) qui la prend pour sa mère pourtant décédée et l'invite dans l'opulente demeure londonienne où elle vit seule.
Leonora joue le jeu et s'installe chez elle.
Mais le retour inopiné d'Albert, le beau-père de Cenci ( Robert MITCHUM ) vient perturber leur tête-à-tête.
LOSEY nous enferme dans une troublante histoire à trois avec un homme abject et deux femmes à la dérive.
Tout commence par l'hallucination et le déni de Cenci que la mort de sa mère a fortement perturbée.
Mais dès l'instant où pour échapper à sa condition et à sa solitude, Leonora endosse les habits de cette mère disparue, elle passe elle aussi de l'autre côté du miroir.
Dans la maison de Cenci au décor oppressant et à l'atmosphère lourde de faux-semblants, de désirs saphiques inavoués et de réminiscences sordides, les deux femmes dévoilent le traumatisme qui les accable : l'une est rongée par la culpabilité, l'autre est prisonnière du rituel secret très ambigu qu'Albert son beau-père lui a imposé.
Et c'est au cours d'une brève échappée dans un hôtel du bord de mer qu'un avortement symbolique interrompra l'hallucination de Cenci et la simulation de Leonora en les ramenant toutes les deux à la réalité brutale.
LOSEY nous entraîne dans un tourbillon infernal de face-à-face de plus en plus insoutenables entre Leonora et Cenci, Cenci et Albert, Albert et Leonora.
Dommage que Robert MITCHUM, Liz TAYLOR et surtout Mia FARROW ne soient pas totalement convaincants ; on dit que LOSEY se serait mal entendu avec MITCHUM, acteur très instinctif qui refusait de subir les longues explications qu'il donnait à chaque interprète sur la façon d'incarner son personnage.
Ce film riche et complexe ne peut s'apprécier pleinement à la première vision, ce qui explique sans doute son échec commercial.
Le style de LOSEY est en effet souvent elliptique : il suggère beaucoup plus qu'il ne montre.
L'une des premières scènes du film en est l'exemple parfait : Leonora est dans sa chambre et ce sont uniquement deux gros plans qui nous font comprendre qu'elle se prostitue, l'un sur des billets de banque et l'autre sur les souliers d'un homme qui s'en va.
C'est par le même procédé qu'il dépeint en filigrane la décadence de la classe bourgeoise représentée par Cenci, ses deux tantes et Albert, analyse marxiste dont il est coutumier.
Je conclurai par un avertissement et une invitation en paraphrasant Dante et sa " Divine Comédie " :
Vous qui entrez dans ce film, abandonnez toute espérance.
Mais entrez-y quand même parce que cette histoire tragique est superbement mise en scène et en images par l'un des cinéastes majeurs du XXème siècle.
Faja- Enzo G. Castellari
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