The Servant - Joseph Losey - 1963
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The Servant - Joseph Losey - 1963
Tony ( James FOX ) un jeune et riche aristocrate qui s'installe dans une demeure ancienne à Londres, embauche un domestique, Hugo Barrett ( Dirk BOGARDE ) ; il est très satisfait de ses services, "une vraie perle" dit-il à sa fiancée Susan ( Wendy CRAIG ) qui est beaucoup moins enthousiaste.
Mais l'arrivée de Vera ( Sarah MILES ) que le domestique présente comme sa sœur, va tout bouleverser.
Ce superbe film en noir et blanc scénarisé par Harold PINTER décrit la déchéance d'un homme comme dans EVA que Joseph LOSEY avait réalisé un an plus tôt.
Mais ici le point de vue est plus politique que psychologique.
En effet, LOSEY qui dans les années 50 a été contraint de quitter les USA en raison de ses sympathies communistes, laisse éclater sa rancœur et sa colère.
Dans cette maison de ville cossue et étroite où se déroule l'essentiel de l'action, il montre comment un domestique va instaurer avec le concours d'une jeune femme une sorte de dictature du prolétariat aussi sadique que sensuelle.
Sa caméra qui alterne plongées et contre-plongées brouille un moment les rapports de classes en donnant la prédominance tantôt au maître, tantôt au domestique ; mais c'est un leurre car la lutte finale ne laissera qu'un seul vainqueur.
Le thème du reflet, symbole de la dualité humaine, est constant dans ce film comme dans beaucoup de ses œuvres : les miroirs - impitoyables quand ils montrent celui qui se regarde tel que les autres le voient ou pervers quand ils permettent de voir sans être vu - témoignent de cette obsession par leur omniprésence ; mais il y a aussi les miroirs par destination, la porte en verre fumé d'un meuble de cuisine qui reflète des corps enlacés, le mur d'un couloir où se découpe un homme en ombre chinoise ou la boule de cristal à travers laquelle tout est vu à l'envers.
Les scènes sexuelles entre Tony et Vera comme entre Vera et Barrett qui suggèrent ou esquissent sans rien montrer vraiment comportent une forte charge érotique : une main qu'on imagine se glisser sous une mini-jupe quand un visage se crispe de plaisir, des jambes nues qui s'agitent dans un fauteuil, un robinet qui goutte de plus en plus vite comme un battement de cœur pour accompagner la montée du désir.
La dernière séquence est hallucinante ; elle intervient alors que le maître humilié, infantilisé par le domestique, n'est plus qu'un zombi enfermé dans une cage dorée ( son avachissement dans une chaise longue au début du film était prémonitoire ) ; on le voit à la fin d'une soirée coquine, complétement groggy, ramper sur le sol comme un oiseau sans ailes tandis que Barrett rejoint Vera dans sa propre chambre à coucher.
Le coucou a pris possession du nid.
Un chef d'œuvre oppressant.
Question interprétation, Dirk BOGARDE jusque là cantonné à des rôles de jeune premier est prodigieux ; quant à Sarah MILES elle est aussi troublante que dans Le Fantôme de Cat Dancing le western très original réalisé par Richard C. SARAFIAN en 1973.
Faja- Enzo G. Castellari
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Date d'inscription : 10/10/2021
Age : 74
Localisation : Nouvelle-Calédonie
Re: The Servant - Joseph Losey - 1963
Ah ! On peut le dire ! Du coup j'ai totalement détesté, tout: l'histoire, l'ambiance, les personnages. Je prie pour ne jamais le revoir!Faja a écrit:
Un chef d'œuvre oppressant.
old timer- Sergio Leone
- Messages : 1889
Date d'inscription : 20/05/2010
Re: The Servant - Joseph Losey - 1963
En fait ce film peut être regardé de deux façons différentes :
Vu au premier degré comme l'a fait Old Timer, c'est l'histoire atroce, insoutenable parfois, de l'anéantissement d'un homme par d'autres individus.
Vu au second degré comme moi je le fais, c'est une métaphore jouissive de la lutte des classes et de la revanche des opprimés sur les oppresseurs.
Oppressant dans les deux cas...
Vu au premier degré comme l'a fait Old Timer, c'est l'histoire atroce, insoutenable parfois, de l'anéantissement d'un homme par d'autres individus.
Vu au second degré comme moi je le fais, c'est une métaphore jouissive de la lutte des classes et de la revanche des opprimés sur les oppresseurs.
Oppressant dans les deux cas...
Faja- Enzo G. Castellari
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