Pale Rider le cavalier solitaire - Pale Rider - 1985 - Clint Eastwood

[Faja]

Un mystérieux cavalier ( Clint EASTWOOD ) aide des chercheurs d'or à résister et à répondre aux intimidations violentes d'un potentat local ( Christopher PENN ) qui veut s'approprier leurs concessions.
Quand ce potentat demande à un marshal ( John RUSSELL ) et à ses six adjoints de régler définitivement le problème, le cavalier soucieux de préserver Hull ( Michael MORIARTY ) le prospecteur qui l'a hébergé, choisit de les affronter seul.
Sa mission accomplie et conscient d'occuper trop de place dans les cœurs de l'amie de Hull, Sarah ( Carrie SNODGRESS ) et de sa fille Megan ( Sydney PENNY ), le cavalier reprend sa " longue marche ".

Ce western est un remake de L'Homme des Vallées Perdues de George STEVENS ( 1953 ) ; les similitudes sont nombreuses mais le héros de Pale Rider est moins stéréotypé et beaucoup plus complexe que Shane.
S'il n'a pas de nom - comme le héros de la Trilogie des Dollars de Sergio Leone et l'homme des hautes plaines dans le premier western réalisé par Clint Eastwood - il a deux visages : un jour pasteur avec un col romain et sans armes il se montre serviable et magnanime, un autre jour sombre justicier avec un revolver au ceinturon il se montre impitoyable.
Pour Megan âgée de 14 ans et gavée de versets bibliques, cet homme monté sur un cheval pâle c'est le quatrième cavalier de l'Apocalypse appelé La Mort, c'est l'homme providentiel qu'elle a demandé à Dieu de lui envoyer pour punir ceux qui ont saccagé son campement et tué son chien.
En réalité ce cavalier est un miraculé revenu des Enfers comme en témoignent les cicatrices laissées par six balles sur son corps ; et quand il fera face à l'homme qui a vidé son révolver sur lui, il lui rendra balles pour balles et une de plus en mémoire d'un prospecteur nommé Spider.

A cet aspect surnaturel du héros s'ajoute une dimension sexuelle très marquée : Megan demande au cavalier de lui apprendre à faire l'amour - alors que le petit Joey demande à Shane de lui apprendre à tirer - et Sarah la mère de Megan se donne un soir au cavalier pour ne rien regretter et vibrer au moins une fois dans son existence avant de vivre sans passion le restant de ses jours avec Hull le " gentil garçon " qu'elle va épouser - alors que Marian la mère de Joey montre simplement une attirance retenue pour Shane.
Il est intéressant de noter que cette parenthèse enchantée dans la vie d'une femme sera le thème de Sur la Route de Madison le superbe mélodrame que Clint Eastwood réalisera et interprétera dix ans plus tard.

Ce western violent où bagarres et règlements de comptes se succèdent est magnifiquement enserré entre deux scènes très contrastées à l'image de son héros.
La scène d'ouverture est explosive : dans la fureur et le bruits des sabots, treize cavaliers galopent et déferlent sur un paisible campement de chercheurs d'or qu'ils saccagent ; comme un hommage à Samuel FULLER qui au début de Quarante Tueurs ( 1957 ) lance une nuée de cavaliers menés par une femme sur le charriot des frères Bonnell.
La scène qui clôt le film est bouleversante : tandis que le cavalier s'éloigne sur son cheval pâle, Morgan en quelques mots qu'il n'entend même pas, exprime son désarroi amoureux dans un subtil glissement des sentiments, de l'affection à l'amour et de l'amour à la gratitude, " Pasteur, nous t'aimons tous...Je t'aime...Merci, au revoir " ; comme un écho amplifié à l'attendrissant " Shane come back " crié par le petit Joey à la fin de L'Homme des Vallées Perdues .

Mes prix d'interprétation :
Meilleur acteur : Clint EASTWOOD toujours aussi magnétique.
Meilleure actrice : la lumineuse Sydney PENNY, 14 ans qui en 1988 et 1989 incarnera Bernadette Soubirous dans deux films de Jean Delannoy ( Bernadette et La Passion de Bernadette ).
Meilleur troisième rôle : Richard KIEL géant de 2,18 m et célèbre Requin dans deux James Bond de la fin des années 70.

[Sitting Bull]

Que tout cela est bien dit !
Puisqu'on en parle, pour moi, "Sur la route de Madison" est le summum de Clint Eastwood.

[Faja]

Je suis totalement d'accord avec toi, Sitting Bull.
Ce qui rend cette histoire de passion fulgurante si magique c'est la relation fusionnelle, rare au cinéma, qui s'est établie réellement entre les deux acteurs.
Meryl STREEP a parlé elle-même de " l'intense histoire d'amitié " qu'elle a vécue durant le tournage avec Clint EASTWOOD.
Dans le summum du grand Clint, j'ajouterai Million Dollar Baby ( 2004 ), encore une sublime histoire d'amour mais filiale cette fois-ci, entre un septuagénaire et une jeune boxeuse qui devient sa fille de substitution.

[Sitting Bull]

Oui, aussi, mais ma préférence va tout de même à "Madison". Emotionnellement, peut-être.
Je suis un vieux romantique.

[Faja]

Comme moi.
Mais rassurons-nous, il vaut mieux être Romantique que Grèce ancienne.

[Sitting Bull]

Ça dépend des collectionneurs !

[old timer]

Désolé pour la dissonance mais celui-là c'est le seul western de Clint que je n'ai jamais aimé.

Déjà la référence à "Shane", forcément ça lui donne un handicap majeur, mais il n'y a pas que ça ... la violence débridée des salauds au début montre qu'on a là une histoire de vengeur bien schématique et simpliste à mille lieues de l'humanisme et la réflexion sur la violence qu'on trouvera dans Impitoyable. On est juste dans un film de vengeance lambda, comme Eastwood nous y a habitués tout au long de sa carrière, avant qu'il ne passe enfin à autre chose.

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