L'Aventurier du Texas. Buchanan Rides Alone. 1958. Budd Boetticher.

[Rex Lee]

Angrytown est un petit village californien sur la frontière mexicaine. Deux clans se disputent sa domination: celui du shérif Angry et celui de son frère, le juge Angry. Et au milieu, il y a un aventurier venant du Mexique. Ce dernier, un certain Buchanan, est du genre décontracté. Seulement, il prend la défense d'un Mexicain qui a tué le fils du juge. Les 2 hommes sont condamnés à la pendaison. Buchanan s'en tire et va dresser les 2 camps l'un contre l'autre...





J'ai bien cherché et n'ai trouvé ici nulle trace de ce très bon western. Étonnant que personne n'en ait parlé. Plus étonnant encore que personne ne l'ait vu...   Voilà donc un oubli réparé.
C'est un film court ( moins d'1h20), à la mise en scène nerveuse et sans aucun temps mort, un western dans lequel il n'y a pas de personnage féminin, ce qui a pour effet d'éviter certaines roucoulades. L'affrontement final, sur le pont servant de frontière, est très réussi.
Le tandem Boetticher-Scott a ainsi produit quelques petits bijoux. Et si vous avez aimé L'homme de l'Arizona, La Chevauchée de la vengeance et Comanche Station, vous pouvez y aller, vous ne serez pas déçus! Mais il y a des spécialistes du western américain qui ne seront peut-être pas d'accord...ou qui trouveront que cela ne vaut pas le coup d'en parler.

[Sitting Bull]

Si, si, (mais non, pas Romy   ), moi je l'ai vu il y a déjà pas mal de temps, à la télé.
Je ne l'ai plus tout à fait en tête, mais du moment qu'il y Randy, j'aime.
Quant à commenter ici les 1500 titres de ma collec., on n'est pas sortis de l'auberge.  
Un de temps en temps, ça va, mais si tu en veux plus,...on peut.
Une capture, vers la fin.

[old timer]

Il est passé à la télé vers 2009-2010 (une brève époque où France 3 passait un western chaque lundi après-midi)
Et puis ensuite est paru le coffret Boetticher-Scott de chez Sidonis (mais on trouve aussi chaque film au détail)

Donc, dans ce "corpus" celui-là est un peu à part, car à la limite de la comédie (le personnage de l'hôtelier !), en tous cas sans vengeance, sans personnage tragique: ici Scott est juste un type cool qui arrive dans une ville hostile et s'entête à défier l'ordre établi... Bravo donc à l'équipe qui a su se renouveler et surprendre, même si en fait ''aventurier du Texas" est tourné juste avant "la chevauchée de la vengeance" et "prisonnière des comanches"

[Faja]

Coincé entre deux paires de chefs-d'œuvre ( Sept Hommes à Abattre en 1956, L'Homme de l'Arizona en 1957 et La Chevauchée de la Vengeance en 1959, Comanche Station en 1960 ), ce western détonne un peu.
Coup de mou du réalisateur ?
Effet du changement de scénariste, Charles Lang au lieu de Budd Kennedy ?
Budd BOETTICHER nous donne lui-même la réponse en déclarant qu'il s'agit " d'un western très drôle et très mathématique "
Autrement dit, il s'accorde un petit moment de déconnade bien calculée.

En effet son œuvre ne manque ni de situations cocasses ni de personnages hauts en couleur qui comme dans les films burlesques, s'agitent beaucoup, un pas en avant, un pas en arrière ; " retour à la case départ " dit Buchanan au jeune mexicain quand ils se retrouvent en prison.
Dans la petite ville d'Agrytown, tout appartient aux 3 frères Agry, les commerces et le pouvoir ; et tout est vendu au même prix de 10 dollars, la chambre d'hôtel, le steak ou la bouteille de whisky.
Et pour juger le jeune mexicain, Juan de la Vega - le frère de Zorro ? - c'est le saloon qui est transformé en tribunal le temps du procès, comme dans Je suis un Aventurier d'Anthony Mann en 1954.
Quant à la célèbre scène d'exécution sommaire en pleine nature, digne d'un polar, elle s'achève façon arroseur/arrosé avec en prime une oraison funèbre complétement déjantée. Tarentino doit adorer.

Question personnages, mon préféré c'est Amos le frère Agry qui dirige l'hôtel, parfaitement interprété par Peter WHITNEY : il entend tout, il voit tout, il raconte tout et il court toujours essoufflé, à longueur de film, comme " un poulet dont on aurait coupé la tête ".
Mais le personnage le plus original et qui n'était pas prévu au scénario, c'est Carbo incarné par Craig STEVENS : homme à tout faire, homme de confiance et parfois homme de main du juge Simon Agry ; il est omniprésent comme un ange noir et à la fin... il est omnipotent !

L'Aventurier du Texas n'a certainement pas la même densité dramatique ni la même élégance visuelle que les 4 films de Budd Boetticher précités, mais il donne le smile, celui dont ici Randolph SCOTT ne se départit presque jamais.
C'est déjà beaucoup.

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