Terreur au Texas - Terror in a Texas Town - 1958 - Joseph H. Lewis

[Personne]

Sterling Hayden ... George Hansen
Sebastian Cabot ... Ed McNeil
Carol Kelly ... Molly
Eugene Mazzola ... Pepe Mirada (as Eugene Martin)
Nedrick Young ... Johnny Crale (as Ned Young)
Victor Millan ... Jose Mirada
Frank Ferguson ... Deacon Matt Holmes
Marilee Earle ... Mona Stacey

Scénario de Dalton Trumbo.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Terreur_au_Texas

Dans ce western, on parle de spoliation des terres, non pas pour un cours d'eau, un paturage ou de l'or, mais pour du pétrole. Nous sommes donc bien au Texas et bien avant There Will be Blood. En plus on donne la part belle aux 'petites gens'. A l'immigré Suédois qui défend sa terre, au Mexicain très digne jusque dans sa mort, on fait parler leurs visages dans de très beaux plans. Très bon DVD zone 1 au passage avec des sous-titres Français.

Pas beaucoup d'action, mais de la tension. Un très beau rôle pour Sterling Hayden avec un travail sur l'accent Suédois très intéréssant.

Par contre on sent la grosse caricature pour le tueur. Tout de noir vétu(bien vu Alec le rapprochement avec Palance dans Shane), avec ses gants de cuir, il a la main droite amochée, sans doute en bois maintenant. Un tueur froid qui n'hésite pas à vider son chargeur pour être bien sûr que sa pauvre victime ne s'en sortira pas. Les amateurs de westerns Européens vont sans aucun doute apprécier. cool

Duel final original et pour cause, notre héros est un ex baleinier, pas un gunfighter...

A voir!

[Personne]

Une belle lobby:

[old timer]

Vu ce soir... un western extrêmement atypique !

Pas seulement à cause du duel avec le harpon, car ça c'est de l'anecdote. Mais sur beaucoup d'autres plans le film tranche avec la production standard, et fait presque figure de western expérimental!

- on notera d'abord la beauté de la photo en noir et blanc qui effectivement donne la part belle aux visages plus qu'aux paysages

- soin accordé au réalisme des décors et costumes - Hansen, comme tous les nouveaux arrivants est habillé à la mode de l'est,voire d'Europe, avec costume et chapeau melon, ce qui le rend un peu ridicule (en réalité quasi tout le monde avait ce look-là dans l'Ouest, cf photos d'époque!)

- une musique très originale pour un western US, sans grand orchestre ni chanson, mais une ritournelle bizarre à la trompette, un peu ridicule, à mi-chemin entre la sonnerie de cavalerie et la fanfare de village, donne un ton tout à fait original à ce film, littéralement "inoui" !

- un scénario très fouillé qui rapproche ce film très psychologique du théatre, et approfondit les rapports humains comme rarement on l'a vu - le thème de l'amitié entre fermiers voisins pourtant si différents, le portrait du couple maudit formé par le tueur et sa compagne, complètement dominée et perdue mais lucide sur sa condition, etc...

- impression théatrale renforcée par l'utilisation de longs plan-séquences assez inhabituels dans le cinéma US, qui donnent évidemment la part belle aux acteurs, tous excellents jusqu'aux plus petits rôles.

- une utilisation de la violence originale, et pas à cause du harpon encore une fois - mais outre les méthodes du tueur dont Personne a déjà parlé, aucun des fermiers ne porte un révolver à sa ceinture ni même n'a l'idée de prendre un fusil à la fin quand il s'agit d'aider Hansen qui va affronter le tueur, qui du coup est le seul personnage à tirer des coups de feu dans le film...

- en réalité ces derniers faits sont assez peu réalistes et ont valeur de symbole, car cette histoire est pleine de sens. Ecrit par Dalton Trumbo, célèbre scénariste de gauche mis sur la liste noire par les producteurs, le film est une parabole sur le Mccarthysme, la dictature, le Mal en général, qui ne réussit à s'imposer que grâce à la peur des gens , et ne peut se combattre qu'en l'affrontant face à face. Trumbo règle ses comptes avec la société qui l'a persécuté, avec tous les bons citoyens qui n'ont pas osé refuser de témoigner et dénoncer les communistes par peur de représailles. Mais cet état de fait serait tout aussi pertinent pour décrire la société soviétique totalitaire de l'époque.
Enfin on peut sans doute voir dans le harpon, autant qu'un hommage à l'émigration suédoise en Amérique, très importante en effet, une métaphore issue de Moby Dick: le tueur du film comme la baleine du livre de Melville étant l'incarnation du mal que l'humanité doit détruire, une créature effrayante qu'il faut affronter avec une arme dérisoire qui n'a d'efficacité que si on s'en approche de très près...

Bref, beaucoup de choses à dire, un film riche et passionnant! DVD accessible et pas cher sur le net, toutes zones et sous-titres français : à vous de jouer !

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