Re: Mon nom est Personne - Il mio nome e nessuno - 1973 - Tonino Valerii

[JO]

... et dans le mouvement (de grue) du plan (panoramique descendant ), on peut voir l'ombre portée discrète de la grue superposée à l'ombre naturelle et glisser du chapeau au dos de Fonda....

[Edocle]

1899, pas 1895

[Pierre]

Dans le monologue final d'Henry Fonda il me semble qu'on entend (du moins en VF) l'année 1899. Date symbolique s'il en est: la fin d'une époque, d'un monde, tout ça ...

[Edocle]

Dans le monologue final d'Henry Fonda il me semble qu'on entend (du moins en VF) l'année 1899. Date symbolique s'il en est: la fin d'une époque, d'un monde, tout ça ...

Vous avez surement raison, mais le but de mon post était autre ....
On a revu ce film avec plaisir,
j'ai fait quelques captures et écrit le message en regardant
la jaquette du DVD, voilà l'affaire... Banal....
Ah si, j'ai gagné mon pari...

[JO]

Dans le monologue final d'Henry Fonda il me semble qu'on entend (du moins en VF) l'année 1899. Date symbolique s'il en est: la fin d'une époque, d'un monde, tout ça ...

Le film se passe en 1899, la jaquette du DVD Studio Canal se trompe, comme le livre de Giré et d'autres. Effectivement, la date est hautement symbolique.

Dans le cimetière indien, Fonda donne la date précise de la scène, du 3 juin 1899. "Aujourd' hui 3 juin 1899...."

Gastaldi avait d'ailleurs écrit dans son scénario "juin 1889".

De mémoire, dans la version espagnole, c'est 1896 qui est dit (Fonda dans le cimetière), mais la croix dans le plan final de La Nouvelle Orléans indique distinctement 1899, cela doit être pour une question de mouvement de lèvres.

Les prétendus "anachronismes" (bouche d'eau) sur les plans du Quartier Français (Nouvelle Orléans) sont signalés "sans grande pertinence" (voir photos ci-dessous à la page suivante) depuis longtemps, mais comme déjà dit, beaucoup d'indésirables réels ne se remarquent pas (forcément) en projection, comme le promeneur dans Le bon la brute et le truand (scène du cimetière), les voitures rouges dans Le dernier jour de la Colère ou Les Quatre de l'Ave Maria (version intégrale), la Renault 4L dans Ben et Charlie, etc... etc... Une des dernières fois que j'avais vu Pour une poignée de Dollars en salles, j'y avais même aperçu un faucheur.... tout au fond de l'image, quand Clint Eastwood entre à Los Albaricoques.

[JO]

Et rien que pour le plaisir....



"Aujourd'hui 3 juin 1899.... Personne" (Henry Fonda, Acoma (USA), juin 1973; v.f: voix de Raymond Loyer, vers novembre 1973).





Amorce du plan final, La Nouvelle Orléans (USA), vers juillet 1973.


(Captures : DVD StudioCanal, 2005)

[Pierre]

Quand j'y pense, ce qui m'avais frappé à la première vision du film, c'était à la fin ce qui représentait une sorte d'incongruité: le personnage d'Henry Fonda dans un bateau avec un bonnet de marin: l'aura du personnage en prend un coup, et toute la mythologie du western est brisée en un plan ! Personne pataugeant dans la rivière ce n'est pas très académique non plus ... Il doit bien y avoir une intention, qui relie ces deux images. Mais laquelle ? Une histoire d'eau ?

[Personne]

Up pour Pierre.

Je reviens sur la rencontre Beauregard/Personne avec l'apparition de Hill qui pêche à la mouche et qui invite Fonda à partager son poisson. Est-ce leur première rencontre?

Car il y a d'ailleurs une scène identique dans Les 7 mercenaires ou Chico/Horst Buchholz qui suit le groupe mais qui n'est pas accepté par ce dernier, arrive à devancer la bande à Chris/Yul « le môme du saloon, ce n’est pas un gars à s’avouer vaincu ! » dit d’ailleurs Chris, dans une citation qui va comme un gant à Personne !
Chico leur propose dans un geste similaire à celui de Personne de venir partager également le poisson qu’il vient de pêcher.

Les 7 mercenaires


MNEP


Les 7 mercenaires


MNEP


Le parallèle entre le jeune pistolero qui cherche à devenir l'égal des Mercenaires, des légendes et celui de Personne est facile à faire.

[JO]

Il y a une belle idée développée par l'interlocutrice de Valerii dans le DVD StudioCanal, c'est celle du baptême, concernant la séquence de la rivière d'où surgit Personne. (L'eau est aussi un élément naturel important dans Trinita).

Terence Hill dit quelque part que son personnage apparaît toujours en se levant/s'élevant (dans le scénario, cela est un peu différent, de mémoire, je ne l'ai pas sous les yeux).

Fonda et son bonnet, c'est aussi un côté vieil Hollywood, et dans le DVD StudioCanal, Valerii explique bien que c'est un français qui rentre chez lui, [comme un marin qui rentre à bon port finalement après une longue traversée, une Odyssée; la description de Beauregard faite par Gastaldi est éloquente dans le scénario].

J'ai vu une première fois le film en janvier 1974, à un moment où, grand lecteur de séries dessinées (Giraud, Jijé, Palacios) et découvrant les photos prises à la fin du XIX° siècle du vieil Ouest, le film est entré en résonance avec pas mal de choses dans les mois qui ont suivi.

[Pierre]

Up pour Pierre.

Merci, là c'est beaucoup plus clair ! Je n'avais aucun souvenir de cette scène.

[Edocle]

1895... 1896... 1899... on a même vu un fulgurant 1999...
Comme dit la Comtesse : "on a le choix dans la date !"

[JO]

Comme le souligne Pierre, la date de 1899 est une date clef du film, qu'il n'est pas possible de ne pas voir ou de ne pas entendre.

On peut y voir, comme le soulignait Alain Remond dans sa critique de Télérama -décembre 1973- , un de ces signes -dans le film- gros comme un pâté de maison.... mais la volonté du film est là. La comparaison avec le scénario de Gastaldi , qui l'anti-datait en 1889, est instructive à plus d'un point.

[JO]

Quelques autres indices d'une temporalité "fin de siècle" extrêmement marquée dans Mon Nom est Personne :

-les affiches dans le Saloon de Mogollon, mettant en évidence les Dissolving Views, spectacles animés précédent le cinéma. Le visiteur des villes fantômes du Grand Ouest ne peut être que sensible à ce climat, unique dans le western spaghetti, à cette même extériorisation de la patine du temps, si fortement ressentie dans les Ghost Towns -je renvoie aussi au commentaire de Valerii sur le DVD StudioCanal.


-les jeux de fermeture à l'iris et les accélérés (les soldats qui courent derrière le train) allusion à ce qui s'élabore dans le cinéma des premiers temps, au carrefour de l'année 1900 : film-poursuite, figures de transitions entre deux séquences, pour ne pas dire figures de montage. (Pour le grand public, une séquence chaplinesque, le film étant placé largement sous l'image de Charlot et du Cirque, particulièrement. Mon nom est Personne est conçu par des gens qui ont un immense culture cinématographique , voire culture de la théorie du cinéma comme celle de Tonino Valerii, grand connaisseur d'Eisenstein.

Deux autres gros succès de Terence Hill portent la marque d'un temps particulièrement affirmé : 1890, pour El Magnifico et Les Deux Missionnaires -très précisément contextualisé dans la version italienne.


(il y a un essai peu cité, dans le dernier Tarantino, en ce sens, l'énigmatique personnage qui regarde, l'espace d'un plan, les vues stéréoscopiques -en relief-, nées au milieu du XIX° siècle, et qui répond aux théories de la phrénologie, énoncées sans vraiment les caricaturer d'ailleurs, par le personnage de Di Caprio, c'est le point le plus intéressant du film.)

[JO]

Nouvelle Orléans, Royal Street :

-juillet 1973 : reconstitution de la rue en juin 1899, sous l'oeil du photographe (Mon Nom est Personne )

- 1900 : ce que le photographe du film aurait pris réellement, photo d'archive. Les fils électriques, il y en a partout....

Ce cliché se trouve plusieurs fois reproduit, en des états différents, dont un ici :

http://www.storyvilledistrictnola.com/neworleans.html

[JO]

et un poteau d'incendie, modèle 1900 (gauche) confronté à la bouche incendie laissée visible dans Mon Nom est Personne (droite).



...rien d'anachronique véritablement (mentionné à tort comme tel donc sur Wikipédia "Un anachronisme : on peut voir une bouche d'incendie moderne lorsque les deux héros se trouvent à la Nouvelle-Orléans."

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_nom_est_Personne

et dans certaines interventions sur Western Maniac maintenant). La teindre en rouge aurait trop tapé dans l'oeil, arrière-plan, dans un film couleur.

[JO]

Le port, La Nouvelle- Orléans, en 1900.

http://www.documentarist.com/




Le quai utilisé pour Mon Nom est Personne, en face du Jackson Square (Nouvelle-Orléans), vers début juillet 1973.


Mon nom est Personne est un film parfaitement documenté dont la reconstitution fin de siècle, due à Gianni Polidori, de l'équipe Visconti, est ambitieuse et irréprochable.

Manquent juste le tramway devant lequel devraient se battre en duel Personne et Beauregard , les fils électriques ...

[JO]

Le Jackson Square:

-reconstitution Mon nom est Personne, juillet 1973.
-photographie d'archive, 1900.
http://www.woodhavenhistoric.com/

Cela fait longtemps que j'avais envie d'une petite balade dans les rues de la Nouvelle-Orléans, au temps de Mon Nom est Personne, c'est chose faite....

[JO]

La Nouvelle Orléans, marché français 1900-1910 : visiblement, l'électricité est arrivée très tôt dans la ville

http://www.flickriver.com/groups/650426@N24/pool/interesting/

[tepepa]

Quitte à être précis, d'où viennent ces photos ? Car en l'état, elles sont magnifiques, mais ne prouvent pas grand chose...

[JO]

Elles sont filigranées, donc vous vous référez au site mentionné. (Edit : je viens de placer les liens) .

Il suffit de taper sur Google Image "New Orleans 1900" et vous les trouverez, avec des quantités d'autres.

Ces photographies montrent La Nouvelle-Orléans en 1900 et ont dues , ou d'autres, être largement consultées par l'équipe, comme toute entreprise de reconstitution au cinéma se documente. Les différents anachronismes convoqués n'existent pas réellement, et le modernisme de la cité est au-dessus de ce qui peut être considéré "décalé" par certains mauvais observateurs du film (regardez par exemple, la présence des poteaux électriques partout).

Sur la photographie du port, vous pourriez vous croire dans un plan de Mon Nom est Personne. Leone, ici producteur, se souvient encore de la leçon de Visconti dont il emploie sur ce tournage une partie de l'équipe : faire vivre les acteurs comme au temps que le film représente. D'ailleurs certains bâtiments construits pour le film au Nouveau-Mexique ont été interprétés par certains guides comme....authentiques (construits avec les techniques de l'époque). Le mimétisme peut aller très loin.

Je m'étonne même de votre question. , tant c'est un jeu d'enfant que d'accéder maintenant à ce qui était avant réservé aux livres (j'ai déjà mentionné quelque part America de Yves Berger) ou à certaines collections privées (j'ai pu me constituer comme cela toute une documentation sur mon village landais ).

[tepepa]

La question visait surtout à se faire l'avocat du diable. Vous répondez point par point à des affirmations d'inexactitudes avec des photos non sourcées. Rien ne prouve l'authenticité de ces photos, Google Image n'est pas plus fiable que Wikipedia. Mais comme je dis, c'est juste pour titiller. C'est passionnant, et je suis heureux de découvrir que cette reconstitution était aussi documentée. Ce soir, je me remets le film !

[JO]

Pour tous ceux que cela intéresse, ce livre de photographies se trouve encore. Je le regardais après chaque séance de Mon Nom est Personne ou Butch Cassidy et le Kid, au temps où le DVD n'existait pas.

Pour authentifier l'existence de la bouche à eau 1900, hélas, je n'ai plus mon Larousse illustré de 1905 ni l' autre en plusieurs volumes de 2 ou 3 ans auparavant. Regrets éternels.

[JO]

Carondelet Street,Jackson Square Cigars,commercial facilities,New Orleans,1900.

Cela ne s'invente pas, ce doit être l'angle de Jackson Square où se termine le film, la boutique du faux barbier.

Beaucoup de ces photographies sont dupliquées pour la vente, à partir d'un tirage d'époque.

Comme ici :

http://stores.ebay.fr/YesterdaysPhotos?_trksid=p4340.l2563

On trouve bien évidemment des épreuves d'époque en sachant chercher....

Sorti en 1973, Mon nom est Personne a bénéficié du revival de l'art 1900 (Liberty en italien) et du goût pour le rétro fin de siècle, bien illustré au cinéma par Butch Cassidy et le Kid, mais qui s'est étendu à tous les domaines, et spécialement celui de l'architecture (Guimard, Horta....) ou de la peinture, affiches, reproduites en posters, etc....

Le moment de rappeler que les décorateurs comme Carlo Simi sont architectes à l'origine, ceci expliquant cela.

Le scénario de Gastaldi cite plusieurs fois le décor Liberty , particulièrement pour le Saloon de Cheyenne.

[JO]

Mill at gold mine. Mogollon,New Mexico, Russell Lee, 1940.

Et voilà la Little Fannie Mine, à Mogollon. L'observateur comparera avec les prises du film . Celle-là, elle peut être très intéressante.... n'ayant jamais pu comprendre si le hangar occupé par Sullivan est un praticable ou un vrai bâtiment (j'ai loupé Mogollon à quelques kilomètres près, en 1990, tout était encore sur place.)


http://stores.ebay.fr/YesterdaysPhotos?_trksid=p4340.l2563

[JO]

Le génie de ce film, c'est aussi Acoma, qui , en 1900, était ceci :




La photographie est de E. Curtis, un des plus grands photographes de l'Ouest américain; la Library of Congress la date de 1900-1910. C'est ce qu'auraient dû voir Beauregard et Personne, à peu près, en juin 1899.

http://www.loc.gov/pictures/item/2002719498/

D'autres documents ici :

http://monnomestpersonne1973.blogspot.fr/2010/05/mon-nom-est-personne-decoupe-decors-et_02.html

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