Douce - 1943 - Claude Autant-Lara
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Douce - 1943 - Claude Autant-Lara
A Paris, sous la IIIème république, un hôtel particulier abrite les De Bonafé "une famille de tradition" : la vieille comtesse (Marguerite MORENO) qui règne en reine-mère, son fils Engelbert (Jean DEBUCOURT) veuf unijambiste et sa petite fille Douce (Odette JOYEUX).
Irène(Madeleine ROBINSON) l'institutrice de Douce et Fabien(Roger PIGAUT) le régisseur qui est son amant, vivent également sous leur toit.
Mais en cette veille de Noël 1887, les cœurs et les corps vont s'enflammer.
Et le feu, ça brûle.
Ce jeu de l'amour et de la jalousie, dans un cadre sombre et empesé, glissant du marivaudage au mélodrame, dissimule sous une allure désuète, une ironie mordante.
L'originalité n'est pas dans l'intrigue mais dans le trio de femmes qui mènent le jeu et qui sont incarnées par trois magnifiques comédiennes : Marguerite MORENO, l'autoritaire, est la gardienne des Règles, Odette JOYEUX, la romanesque, joue avec le feu et Madeleine ROBINSON, l'opportuniste, joue double-jeu.
La mise en scène de Claude AUTANT-LARA est élégante et sans esbrouffe ; sa caméra très fluide, accompagne les personnages en variant les plans ; elle s'immisce entre eux et les scrute dans les miroirs, à travers les fenêtres givrées ou les flammes d'une cheminée.
Ce cinéaste si souvent décrié, démontre ici qu'il est capable de rivaliser avec les plus grands réalisateurs français.
Par contraste, les dialogues de Pierre BOST sont percutants.
Ils stigmatisent allègrement une société cloisonnée et sclérosée où la taille du sapin de Noël permet de différencier les nantis des petits, où ceux qui sont au bas de l'échelle "habitent toujours très haut"...sous les toits et où pour maintenir ses privilèges, la classe dominante fait de la résignation des pauvres une vertu et de leur révolte un péché mortel.
Tout s'achève en apothéose : la comtesse maudit et chasse de sa demeure Fabien et Irène, comme Yahvé a chassé Adam et Eve du Paradis terrestre.
Celle qui au début du film s'élevait dans les airs grâce à un ascenseur, a fini par se prendre pour Dieu.
Une œuvre décapante que je viens seulement de découvrir et avec plaisir.
Faja- Enzo G. Castellari
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