La Traversée de paris - 1956 - Claude Autant-Lara

[Faja]

A Paris sous occupation allemande, Martin (BOURVIL) un chauffeur de taxi au chômage forcé et Grandgil (Jean GABIN) un peintre, récupèrent chez l'épicier Jambier (Louis de FUNES) un cochon découpé en morceaux répartis entre 4 valises qu'ils doivent livrer à un boucher, à l'autre bout de la ville.

La traversée de Paris à pied et en pleine nuit va s'avérer aussi mouvementée que périlleuse.


Inspiré d'une nouvelle très noire de Marcel Aymé parue en 1946, ce film opte délibérément pour le rire qui parfois peut être grinçant.
Claude AUTANT-LARA n'est pas un génie de la mise en scène -même si l'arrestation des deux porteurs de valises filmée en ombres chinoises est splendide- et traverser Paris dans les décors sommaires de Franstudio à Saint-Maurice (Val de Marne) nuit gravement à l'authenticité de la déambulation ; mais heureusement la formidable performance du trio GABIN/BOURVIL/de FUNES et les dialogues piquants d'AURENCHE et de BOST sauvent la mise.

Un arrêt sur image s'impose dès les premières minutes du film quand Martin et sa femme se rendent chez Jambier : on peut entrevoir collée sur un mur, une affiche célèbre éditée à l'occasion de la 1ère Fête du Travail, le 1er mai 1941 ; elle représente Pétain serrant la main d'un ouvrier et reproduit un extrait de l'un de ses discours "Je tiens les promesses, même celles des autres".
Un slogan XXL pour les Super Menteurs.

Dans un contexte dramatique -l'Occupation avec les restrictions, les trafics, les alertes, l'antisémitisme, les représailles-, ce film savoureux oscille en permanence entre l'ironie et le burlesque.
Et c'est tout naturellement qu'à la différence de la nouvelle de Marcel Aymé, il se termine par une jolie pirouette à la Gare de Lyon :

GRANDGIL - Alors Martin, toujours les valises ?

L'humour, pas la guerre.

[Rex Lee]

Un chef-d’œuvre, tout simplement!


Pour preuve, deux séquences extraordinaires: