Two-Gun Lady - 1955 - Richard H. Bartlett

[Faja]

Kate Masters alias Karen Marshall (Peggie CASTLE) arrive dans l'hôtel-saloon de Big Mike (Robert LOWERY) pour y présenter son spectacle de tir.
Mais si elle revient dans sa ville natale, c'est surtout pour se venger de Jud Ivers (Ian MacDonald) et de son fils Ben (Earle LYON) qui ont tué ses parents suite à un litige foncier, alors qu'elle avait 13 ans.
Elle trouve un allié de circonstance - et même plus, vu les affinités ! - en la personne du marshal Dan Corbin (William TALMAN) qui traque Ben Ivers recherché pour le braquage d'une banque.

La vengeance est un thème récurrent dans le western mais il est très rare qu'elle soit exercée par une femme.
C'est l'une des singularités de ce film étonnant qui en compte bien d'autres.

La mise en bouche est magistrale.
Les 6 premières minutes réglées comme un ballet, sont un modèle de scène d'exposition : tous les personnages du film sont là, sauf Ben Ivers le fugitif.
Et jusqu'à la 71ème minute, la réalisation de BARTLETT conserve la même efficacité.
Avec parfois des instants récréatifs qui n'apportent rien à l'intrigue mais s'avèrent hautement jubilatoires, comme par exemple, quand il met ironiquement en parallèle deux scènes : celle où deux gamins jouant aux indiens dans la rue, percent d'une flèche une affiche du spectacle de Kate tombée à terre et celle où deux adultes jouant aux cow-boys dans le saloon, criblent de balles la même affiche fixée au mur !

C'est dans ce saloon, lieu central, que BARTLETT nous offre un grand moment de cinéma, à l'heure du dénouement : pendant près de 3 longues minutes et alors que les clients quittent tous la salle, Ben Ivers attend debout, appuyé contre un mur, sans un mot, en se rongeant les ongles ; soudain - comme si le metteur en scène avait crié "action !" - il bouge et un double duel s'engage, d'abord avec Big Mike puis avec Kate avant que n'intervienne une tierce personne totalement inattendue.
Du grand art.

Quant à la dernière séquence, elle témoigne de l'espièglerie de BARTLETT : filmée au ras du sol et en gros plan, elle montre les jambes et les pieds des 4 membres de la famille recomposée de Kate alias Karen qui quittent la ville en piétinant l'affiche du spectacle de Two-Gun Lady restée à terre - comme d'ailleurs Kate l'avait fait à son arrivée.

Ce western fauché mais riche de l'inventivité de BARTLETT, se déguste sans modération et parmi les 5 qu'il a réalisés entre 1955 et 1958, c'est mon préféré ;
A voir sur internet en V.O.