Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
3 participants
Page 1 sur 1
Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
1942 : Albert Lory, un célibataire d'âge mûr, instituteur dans un village que l'on devine en France occupée (aucune référence géographique n'est faite), est amoureux d'une jeune collègue, Louise Martin. Mais, timide et vivant avec sa mère possessive, il n'ose pas se déclarer. De plus, Louise est fiancée à Georges Lambert qui s'avère être un « collaborateur » de l'occupant allemand. Les agissements de Georges, ceux du frère de Louise, Paul qui est un résistant, et ceux enfin des Allemands qui procèdent à des arrestations, entraînent Albert vers une prise de conscience et un élan patriotique... Wikipédia.
Commençons par cette critique négative datant de la sortie française de ce film, en 1946:
"C'est la résistance intérieure qu'on nous dépeint. Nous y voyons une France (ou tout autre pays) curieuse, où toutes les habitudes sont anglo-saxonnes, ainsi que le décor de la rue et des intérieurs. Nous y voyons des Allemands de mélodrame et des résistants bavards, qui font en Cour d'assises (qu'on appelle curieusement Cour de justice) de longs discours sur la nécessité de combattre l'occupant, malgré la présence d'officiers allemands qui encaissent sans mot dire. Malheureusement on ne sait pas de quoi on parle, ce qui est excusable quand on est sur la côte de la Californie. Ce qui n'est pas excusable par contre, c'est, ignorant tout de la France occupée, de vouloir la décrire. Si même l'on admet la nécessité à l'époque de faire de tels films de propagande, on ne comprend pas que des Français aient pu à ce point méconnaître l'atmosphère et le détail de la vie française, on ne comprend pas surtout qu'on ose présenter ces films au public français." (Le Journal du Dimanche, 28/07/46.)
Et alors? Est-ce à dire que ce film est mauvais? Est-ce à dire qu'il ne vaut rien et que Renoir s'est fourvoyé en tournant cette œuvre de propagande?
Pas du tout!
Certes, ce village n'a rien de français, les enseignes des magasins et les affiches placardées sur les murs sont en anglais. Mais tout cela n'a guère d'importance, après tout.
L'essentiel est ailleurs: dans la force du propos- la tirade de Lory à la fin de son procès, la lecture aux élèves de la Déclaration des Droits de l'Homme par le même Lory et reprise par Louise-, dans la mise en scène sans fioritures de Renoir et dans l'interprétation d'un trio d'acteurs britanniques admirables:
Charles Laughton est Albert Lory. (à l'arrière-plan, une maison très américaine)
Maureen O'Hara est Louise Martin. (à l'arrière-plan, l'affiche est en anglais)
George Sanders est Georges Lambert.
_________________
Dis-donc, toi, tu sais que tu as la tête de quelqu’un qui vaut 2000 dollars?
Rex Lee- Sergio Leone
- Messages : 6429
Date d'inscription : 06/04/2010
Age : 68
Localisation : 19
Re: Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
Je ne connais pas ce film de la période américaine de RENOIR mais Rex Lee m'a donné envie de le découvrir.
Ne serait-ce que pour voir Charles LAUGHTON dont l'unique réalisation au cinéma, La Nuit du Chasseur est un pur chef-d'œuvre et pour admirer une nouvelle fois Maureen O'HARA si sublime devant la caméra amoureuse de FORD.
Ne serait-ce que pour voir Charles LAUGHTON dont l'unique réalisation au cinéma, La Nuit du Chasseur est un pur chef-d'œuvre et pour admirer une nouvelle fois Maureen O'HARA si sublime devant la caméra amoureuse de FORD.
Faja- Enzo G. Castellari
- Messages : 270
Date d'inscription : 10/10/2021
Age : 74
Localisation : Nouvelle-Calédonie
Re: Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
Pour ma part, ce fut une belle découverte. Laughton y fait montre à nouveau de toute l'étendue de son talent et Maureen y est lumineuse. Rien que pour ça...
Quant aux amateurs qui, comme Faja, voudraient découvrir ce film, ils ont la possibilité de jeter un coup d’œil sur ceci:
https://odysee.com/@Oldies-movies:8/258---Vivre-libre---1943---fr:5
Toutefois, il ne faut pas s'attendre à un chef-d’œuvre absolu, comme le sont certains Renoir de la décennie précédente. C'est juste un très bon film...
Quant aux amateurs qui, comme Faja, voudraient découvrir ce film, ils ont la possibilité de jeter un coup d’œil sur ceci:
https://odysee.com/@Oldies-movies:8/258---Vivre-libre---1943---fr:5
Toutefois, il ne faut pas s'attendre à un chef-d’œuvre absolu, comme le sont certains Renoir de la décennie précédente. C'est juste un très bon film...
_________________
Dis-donc, toi, tu sais que tu as la tête de quelqu’un qui vaut 2000 dollars?
Rex Lee- Sergio Leone
- Messages : 6429
Date d'inscription : 06/04/2010
Age : 68
Localisation : 19
Faja aime ce message
Re: Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
Je me souviens bien de ce film, vu dans le cadre cinéma à Radio-Canada. Bien entendu, l'influence de la culture anglo-saxonne très présente au Québec nous a sans doute fait plus accepter cette représentation fantasmée de la résistance française. Mais ça aurait pu être des Hollandais ou même des Polonais à la rigueur. Le réalisme n'est pas la principale force du cinéma disons, Hollywoodien.
Et dans les méthodes dites de propagande tous les moyens sont bons pour passer le message; et ça inclut une manipulation des faits, s'il le faut.
Est-ce que ça en fait un mauvais film. Parfois oui, et parfois non. La crédibilité est sans doute importante, mais pas toujours nécessaire, comme Rex Lee l'a souligné.
Si on se fie on cinéma américain (ou anglais). Ils auraient accompli tous les exploits importants de la deuxième guerre mondiale; et réussi toutes les missions d'espionnage et de sauvetage de l'histoire moderne.
Argo de Ben Affleck en est un percutant exemple "détourné". Dommage que la version sur le même sujet du réalisateur Lamont Johnson de cet évènement ne soit plus visible nul part. C'est moins spectaculaire que la vision de Affleck, mais beaucoup plus proche des faits réels.
Tout ça pour dire, qu'un film reste avant tout une œuvre de fiction à la base. Et c'est selon l'habileté du scénario (et de la réalisation) que ça passe ou ça casse.
Et dans les méthodes dites de propagande tous les moyens sont bons pour passer le message; et ça inclut une manipulation des faits, s'il le faut.
Est-ce que ça en fait un mauvais film. Parfois oui, et parfois non. La crédibilité est sans doute importante, mais pas toujours nécessaire, comme Rex Lee l'a souligné.
Si on se fie on cinéma américain (ou anglais). Ils auraient accompli tous les exploits importants de la deuxième guerre mondiale; et réussi toutes les missions d'espionnage et de sauvetage de l'histoire moderne.
Argo de Ben Affleck en est un percutant exemple "détourné". Dommage que la version sur le même sujet du réalisateur Lamont Johnson de cet évènement ne soit plus visible nul part. C'est moins spectaculaire que la vision de Affleck, mais beaucoup plus proche des faits réels.
Tout ça pour dire, qu'un film reste avant tout une œuvre de fiction à la base. Et c'est selon l'habileté du scénario (et de la réalisation) que ça passe ou ça casse.
Re: Vivre libre. This Land is Mine. 1943. Jean Renoir.
Ce film que je viens de voir grâce à Rex Lee et que j'aimerais revoir en VOST (le doublage est tellement surjoué), est une belle découverte même si, moi aussi, je préfère le RENOIR des années 30.
D'une certaine façon, d'ailleurs, il fait écho à son chef-d'œuvre de 1939 La Règle du Jeu qui décrit la décomposition et l'aveuglement d'une société aux portes de la catastrophe.
Mais cette fois, la catastrophe est bien là.
Exilé aux USA, RENOIR n'a manifestement pas la prétention de décrire la réalité de la France occupée qu'il ne connaît pas vraiment - malicieusement il botte en touche en précisant que l'action se déroule "quelque part en Europe" - et il s'attache à dépeindre, à grands traits d'ailleurs, les comportements des uns et des autres en cette circonstance dramatique, pour montrer au public américain que si certains collaborent avec l'ennemi, d'autres luttent contre l'oppresseur.
RENOIR opte pour une réalisation sobre et discrète afin de laisser la part belle aux dialogues finement ciselés écrits avec Dudley NICHOLS, le scénariste préféré de FORD et qui trouvent en Charles LAUGHTON et Maureen O'HARA, des interprètes talentueux.
J'ai lu cette critique de Pierre Laroche dans Franc-Tireur en 1946, date de la sortie du film en France : "C'est un Renoir de bonne qualité courante. Mais son film est mauvais. Il est même souvent pire que mauvais, c'est à dire ridicule".
Cette sentence ma paraît injuste mais elle montre à quel point les rancœurs et même les haines étaient vives à la Libération.
Pour ma part, oubliant les quelques invraisemblances du film, je garderai en mémoire son émouvante séquence finale, quand Charles LAUGHTON, soucieux de transmettre l'essentiel, grave dans la tête de ses élèves les mots puissants des 5 premiers articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et quand Maureen O'HARA prend le relais pour faire de même avec l'article 6.
Une Déclaration qui a valeur constitutionnelle et qui nous permet aujourd'hui encore de vivre libres, égaux et fraternels.
D'une certaine façon, d'ailleurs, il fait écho à son chef-d'œuvre de 1939 La Règle du Jeu qui décrit la décomposition et l'aveuglement d'une société aux portes de la catastrophe.
Mais cette fois, la catastrophe est bien là.
Exilé aux USA, RENOIR n'a manifestement pas la prétention de décrire la réalité de la France occupée qu'il ne connaît pas vraiment - malicieusement il botte en touche en précisant que l'action se déroule "quelque part en Europe" - et il s'attache à dépeindre, à grands traits d'ailleurs, les comportements des uns et des autres en cette circonstance dramatique, pour montrer au public américain que si certains collaborent avec l'ennemi, d'autres luttent contre l'oppresseur.
RENOIR opte pour une réalisation sobre et discrète afin de laisser la part belle aux dialogues finement ciselés écrits avec Dudley NICHOLS, le scénariste préféré de FORD et qui trouvent en Charles LAUGHTON et Maureen O'HARA, des interprètes talentueux.
J'ai lu cette critique de Pierre Laroche dans Franc-Tireur en 1946, date de la sortie du film en France : "C'est un Renoir de bonne qualité courante. Mais son film est mauvais. Il est même souvent pire que mauvais, c'est à dire ridicule".
Cette sentence ma paraît injuste mais elle montre à quel point les rancœurs et même les haines étaient vives à la Libération.
Pour ma part, oubliant les quelques invraisemblances du film, je garderai en mémoire son émouvante séquence finale, quand Charles LAUGHTON, soucieux de transmettre l'essentiel, grave dans la tête de ses élèves les mots puissants des 5 premiers articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et quand Maureen O'HARA prend le relais pour faire de même avec l'article 6.
Une Déclaration qui a valeur constitutionnelle et qui nous permet aujourd'hui encore de vivre libres, égaux et fraternels.
Faja- Enzo G. Castellari
- Messages : 270
Date d'inscription : 10/10/2021
Age : 74
Localisation : Nouvelle-Calédonie
Sujets similaires
» Échappement libre-A escape libre-Jean Becker-1964
» La Grande Illusion - 1937 - Jean Renoir
» Toni - 1935 - Jean Renoir
» La Chienne. 1931. Jean Renoir.
» La Règle du Jeu - 1939 - Jean Renoir
» La Grande Illusion - 1937 - Jean Renoir
» Toni - 1935 - Jean Renoir
» La Chienne. 1931. Jean Renoir.
» La Règle du Jeu - 1939 - Jean Renoir
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum