L'adieu aux armes - A farewell to arms - 1932 - Frank Borzage

[Faja]

Pendant la Première Guerre mondiale, Frederic Henry (Gary COOPER) un lieutenant américain engagé volontaire dans la Croix Rouge italienne, s'est lié d'amitié avec le major Rinaldi (Adolphe MENJOU) qui est chirurgien.
Par son intermédiaire il fait la connaissance de Catherine Barkley (Helen HAYES) une jolie infirmière anglaise dont il tombe amoureux.
Mais Frederic doit repartir au front ; ne supportant pas cette séparation, il déserte pour la retrouver.

Frank BORZAGE (1893-1962) est considéré comme l'un des grands réalisateurs hollywoodiens de l'Entre-Deux-Guerres.
Samuel FULLER ne tarissait pas d'éloges à son sujet.
Pour ma part, je n'ai vu de lui que cet Adieux aux armes inspiré du célèbre roman d'Hemingway.

C'est davantage un film d'amour qu'un film de guerre : si la guerre en est le décor, l'amour en est le ressort et paradoxalement la guerre permet et perturbe à la fois cette histoire d'amour.
C'est aussi une émouvante histoire d'amitié entre deux hommes, Frederic l'américain et Rinaldi l'italien, remarquablement interprétés par le juvénile Gary COOPER et Adolphe MENJOU l'inoubliable Pierre La Framboise d'Au-delà du Missouri de W.A. WELLMAN en 1951.

Mais sans l'inventivité de la réalisation de BORZAGE, l'adieu aux armes ne serait qu'un banal mélodrame.
Deux scènes illustrent la virtuosité du cinéaste, deux scènes sublimes qui se font subtilement écho : l'une à la première demi-heure du film montre Frederic soigné dans un hôpital de Milan après avoir été blessé au combat ; Catherine l'infirmière est à ses côtés et un aumônier militaire récite à leur intention la bénédiction nuptiale ; "c'est un mariage totalement insensé" dit Frederic ; "au moins je suis en blanc" répond Catherine avec humour.
L'autre scène à la fin du film montre Catherine dans un lit d'hôpital ; Frederic la soulève dans ses bras et la porte enveloppée dans un drap blanc, comme l'époux porte la jeune mariée pour franchir avec elle le seuil de leur nid d'amour.

Bien sûr, l'idée que même la mort ne peut pas séparer les amants est une utopie romantique mais, avec son immense talent, BORZAGE nous donne envie d'y croire, le temps d'un film.

[Rex Lee]

Merci Faja d'avoir présenté ce film et d'en avoir dit l'essentiel.
Le roman d'Hemingway a aussi été porté à l'écran en 1957, Rock Hudson reprenant le rôle de Gary Cooper, Jennifer Jones celui de Helen Hayes et Vittorio De Sica celui d'Adolphe Menjou. Je ne suis pas sûr de l'avoir vu... En revanche, celui de Borzage est excellent.



Borzage est un cinéaste un peu oublié de nos jours...Je n'ai vu qu'un autre de ses films: Le Cargo Maudit (1940) avec Clark Gable et Joan Crawkord - une histoire de bagnards évadés de Cayenne faisant route vers l'océan en compagnie d'une prostituée.