Bronco Apache - Apache! - 1954 - Robert Aldrich

[old timer]

Après la reddition de Geronimo, Massaï un guerrier apache refuse de se rendre, prend la fuite et continue la guerilla.

Un western que j'adore revoir régulièrement, une grande réussite qui ne se résume pas à son "pitch" guerrier puisque c'est l'histoire d'un homme révolté qui va choisir la paix sous l'influence de son voyage dans l'Est où il a vu des indiens intégrés, et surtout grâce à la femme qui l'aime, dont il ne veut pas au début et qui va peu à peu l'adoucir et lui donner envie de se fixer et fonder une famille. Le happy-end imposé par le studio est critiqué mais il me semble tout à fait cohérent avec le voyage intérieur du personnage. Et le film ne cache pas pour autant la façon dont l'armée a traité les Apaches, massacres, réserves, déportation, brimades...

Pour le reste, c'est un vrai régal, mise en scène nerveuse d'Aldrich, pas de temps morts, et acteurs au top! Pour un fan de Burt Lancaster dont je suis, c'est bien sûr un incontournable  mais la sublime Jean Peters (Niagara) y trouve son plus beau rôle également! On y trouve aussi un jeune Charles Bronson et l'excellent John McIntire qui joue l'éclaireur rusé qui traque le héros pour l'armée - et selon Bertrand Tavernier, c'est le même personnage que celui joué par Lancaster dans "Ulzana's raid" du même Aldrich 20 ans plus tard !

Bref un classique indémodable, sauf pour les ronchons de notre triste époque qui déplorent un film sans authenticité avec des indiens joués par des blancs aux yeux bleus... Ce qui démontre seulement  une ignorance crasse du contexte et des conditions de production d'un film dans l'Amérique des années 50 !  Est-ce à dire qu'il aurait mieux valu ne pas faire ce genre de film plutôt que de transiger avec la vérité historique, ethnique du sujet ? Certains semblent ignorer aussi qu'avec le recul "Apache!" est resté dans l'histoire  comme un des premiers jalons du western résolument pro-indien avec "la flèche brisée" et la "porte du diable"!


le dvd MGM, toujours dispo...


... et la réédition chez Sidonis, avec commentaire éclairés de B. Tavernier et documentaire sur Burt Lancaster.

[Sitting Bull]

Ne pas oublier la musique de David Raskin  (Coleman Hawkins  "Love song")

[Faja]

Il faut préciser qu'ALDRICH n'est pas à l'initiative de Bronco Apache : c'est un film de commande qui, à l'origine, devait être réalisé par Joseph Losey.
Néanmoins, même si ce n'est pas son meilleur western, Aldrich y a mis tout son talent et toute sa maitrise de l'art cinématographique.
S'il trouve ainsi l'occasion de dénoncer le sort réservé aux indiens, je pense qu'il a été surtout séduit par la personnalité de Massai, le rebelle, le bronco (cheval indompté) : Aldrich avait de l'aversion pour l'autorité sous toutes ses formes.

Burt LANCASTER est remarquable et totalement crédible en indien.
Quant à Jean PETERS, et je m'en excuse auprès de toutes les squaws, je la préfère en bimbo dans Pickup on South Street, le chef-d'œuvre de Samuel Fuller sorti en 1953 également.

A la fin du film, quand le cruel guerrier apache toujours en mouvement, se met comme le Candide de Voltaire, à "cultiver son jardin", on peut être surpris, même si on sait que le mariage rend sédentaire.
Mais le dénouement (imposé par le studio comme l'a rappelé Old Timer) qui intervient après un face à face d'anthologie entre Lancaster et McIntire, peut apparaître encore plus surprenant.
Pourtant, juste après le générique, le spectateur avait été averti : " Voici l'histoire de Massai...devenue une des LEGENDES du Sud-Est ".
Dès lors, rien d'étonnant à ce que cette histoire s'achève pacifiquement devant une crèche, comme dans un conte de Noël.

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