Les trois lanciers du Bengale - The Lives of a Bengal Lancer - 1935 - Henry Hathaway

[old timer]

Dans les Indes britanniques, au début du XXe siècle, un régiment de lanciers est déplacé depuis le Bengale jusqu'au nord-est de la zone colonisée, pour faire face à l'agitation des populations Afridi, rebelles frontaliers. Ce régiment est dirigé par le colonel Stone, un militaire inflexible dont les consignes coûtent la vie à un de ses officiers lors d'un incident frontalier. le Lieutenant McGregor, un officier indiscipliné, a assisté à l'incident...

Film de guerre colonialiste, film d'aventures également (la réception chez le Maharadjah de Gopal a pu aussi bien inspirer Hergé que Spielberg (cf Indiana Jones et le Temple Maudit) c'est un film qui a marqué son époque au point d'être pas mal imité (La charge de la brigade légère, Gunga Din, la mascotte du régiment (avec Shirley Temple, en Inde aussi!) mais jamais égalé bien que le film porte son âge...

Tourné en Californie (Lone Pine) et en studio, le film fait un peu toc sur le plan visuel mais pourtant garde un charme étonnant. Principalement grâce au soin apporté aux personnages, très typés (la vielle baderne inflexible, l'officier bourru au coeur d'or, le petit malin, le jeunot etc..) mais c'est avant tout l'histoire  d'un trio, d'une amitié très forte entre les trois héros.


Gary Cooper et Franchot Tone

Gary Cooper joue un canadien d'origine écossaise, il a un accent, il porte la moustache (c'est un cas très rare sinon unique) mais il incarne le héros parfait (le Bengal Lancer du titre original, c'est lui) de cette histoire de mission à la frontière qui aurait tout aussi bien pu être celle d'un western de cavalerie, le contexte de l'Inde apporte un surplus d'exotisme, mais comme cette Inde est entièrement bidon ce n'est pas ce qui nous retient aujourd'hui. On déguste un film au charme suranné (vie à la caserne, blagues potaches, colonel ronchon qui reçoit son fils mais refuse tout favoritisme...)

On peut prendre ses distances avec la doxa colonialiste que le film revendique - sans discours verbeux, mais par petites touches - Franchot Tone qui dit en rigolant à un serviteur indien: "je suis là pour salir mes bottes, tu es là pour les nettoyer!" mais ça reste un jalon du film d'aventures militaires qui se  revoit encore aujourd'hui avec un certain plaisir.

[Rex Lee]

Gary Cooper, la mitrailleuse à bout de bras. Corbucci devait se souvenir de ce film...