Garde à Vue - 1981 - Claude Miller

[Faja]

Dans un commissariat, le soir de la St Sylvestre, un notaire, Maître Martinaud ( Michel Serrault ) interrogé par l'inspecteur Gallien ( Lino Ventura ) qui l'accuse de l'assassinat de deux fillettes, est placé en garde à vue.
Le face à face entre les deux hommes, un instant interrompu par l'arrivée de Mme Martinaud ( Romy Schneider ), se poursuit jusqu'au petit matin, moment où les certitudes vont basculer...

Tout paraît réuni pour faire de Garde à Vue sorti sur les écrans le 23 septembre 1981, un petit bijou du film noir à la française :

- un réalisateur talentueux, Claude Miller, formé au contact de cinéastes prestigieux comme Carné, Bresson ou Truffaut.
- un trio d'interprètes exceptionnels, Lino Ventura, Michel Serrault et Romy Schneider.
- un dialoguiste réputé, Michel Audiard qui n'a pas son pareil pour aligner les mots drôles et méchants.
- une intrigue à rebondissements où les apparences sont trompeuses et les évidences fragiles.

Malheureusement le film ne tient pas ses promesses.
Il se réduit souvent à une joute verbale trop brillante et trop effervescente ( vous me direz, c'est la St Sylvestre ! ) pour ne pas sembler artificielle, même si l'interprétation de Ventura, Serrault et Schneider est irréprochable.
S'y ajoutent des flash-back pas toujours judicieux et des seconds rôles peu convaincants.
Le suspens lui-même est mis en péril par le réalisateur qui prend un malin plaisir à semer des indices tellement insolites qu'ils finissent par mettre la puce à l'oreille des spectateurs les plus perspicaces ( l'homme qui au début du film vient déclarer le vol de son véhicule, la dépanneuse rouge que Gallien regarde passer depuis la fenêtre de son bureau, la voiture volée que la dépanneuse rouge dépose dans la cour du commissariat vers la fin du film ).

Ceci étant dit, Garde à Vue est sans temps mort et se regarde sans ennui.
Et puis surtout il y a Romy Schneider qui incarne magnifiquement Mme Martinaud, l'épouse du " bout du couloir " pour qui faire l'amour était beaucoup plus amusant quand ce n'était pas un devoir conjugal, la femme humiliée de voir un regard de femme dans les yeux de sa jeune nièce subjuguée par la conversation de son mari, l'être humain enfin que le dégoût de soi-même va conduire à commettre l'irréparable.
La première apparition de Romy Schneider dans la pénombre d'un bureau puis en pleine lumière quand l'inspecteur Gallien allume la lampe qu'elle avait volontairement laissée éteinte, est superbement filmée.
Les nombreux gros plans qui mettent en valeur sa beauté à la fois lumineuse et fragile, dévoilent aussi toute la subtilité de son jeu finalement bouleversant.
Huit mois après la sortie du film, Romy Schneider décèdera brutalement à l'âge de 43 ans.