Alfie le Dragueur. Alfie. 1965. Lewis Gilbert.

[Rex Lee]

Dans le Londres des sixties, Alfie, don juan de bas étage passe d'un maîtresse à l'autre sans aucun scrupule: brune, blonde, rousse, jeune, âgée, grosse, mince, délurée, coincée...elles ne savent pas lui résister. Mais au bout du compte, c'est à dire à la fin du film, Alfie nous avoue être bien seul et avoir raté sa vie.



Nous avoue...oui, car Alfie s'adresse constamment au spectateur au beau milieu d'une scène et en présence de personnages: ainsi, dès le début du film, il déclare nous faire grâce du générique et puis, au fil des séquences, il se lance dans de longs apartés qui mettent en avant sa mysoginie. C'est l'une des originalités de cette comédie qui a parfois des accents dramatiques: l'avortement d'une conquête d'Alfie donne lieu à une scène assez poignante. Eh oui, Alfie est un salaud complètement inconscient et immature mais finalement pathétique et, on peut le dire, assez sympathique. Michael Caine l'interprète avec un naturel qui force le respect.


Quelques liaisons d'Alfie:


Annie (Jane Asher, la fiancée de McCartney, à l'époque): une paumée qui le lasse vite...




Lily (Vivien Merchant): mariée, mère de trois enfants...



Ruby (Shelley Winters): riche divorcée qui va remplacer Alfie par un plus jeune, ce qui lui fiche un coup au moral, provoquant son aveu final.

[old timer]

J'ai toujours voulu le voir mais je n'en ai pas eu encore l'occasion. Ni de voir le remake avec Jude Law (2004) non plus.

Curieusement les deux acteurs ayant joué Alfie se sont retrouvés ensuite à jouer ensemble... dans le remake du "Limier" ("Sleuth") par Kenneth Brannagh en 2007 - remake qui était assez glauque d'ailleurs!

[old timer]

Enfin vu, et finalement assez surpris... je croyais voir une comédie assez légère, un personnage sympathique, une étude de la jeunesse décomplexée dans le "swinging London", mais ce n'est pas ça du tout.

En fait  le film et sans doute la pièce de théâtre dont il est issu a des intentions moralisatrices assez marquées, il désapprouve le personnage et ses actes de plus en plus fortement au fur et à mesure du film, car on ne peut que le détester pour la façon dont il traite ses conquêtes... jusqu'à la scène de l'avortement clandestin qui est évidemment le point culminant de la condamnation de ses actes. Mais en plus, ensuite il est fort opportunément puni en perdant sa riche maîtresse jouée par Shelley Winters, qui l'humilie de surcroit en lui rappelant que son règne de séducteur n'aura qu'un temps, car il y aura toujours quelque part un rival plus jeune ou plus séduisant pour prendre sa place!

Bref c'est quand même assez démonstratif, jusqu'à la fin d'ailleurs où on retrouve le chien errant du début, seule ami possible pour un tel personnage désormais... De plus comme pour "Ipcress danger immédiat" tourné la même année je trouve que le Londres  montré dans le film est assez terne et ennuyeux (bagarre burlesque dans le pub excepté!) et pas branché pour un sou. Là encore on constate que le cinéma est tenu par des quadragénaires qui ne s'intéressent guère à ce qui se passe dans la jeunesse et dans la musique à l'époque, pourtant passionnante. Cela dit j'ai quand même beaucoup apprécié la B.O. très  jazzy du célèbre saxophoniste américain Sonny Rollins.

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