Le Passage du Rhin. 1960. André Cayatte.

[Rex Lee]

En 1940, deux prisonniers français sont envoyés dans une ferme allemande. Si Jean, journaliste dans le civil, n'hésite pas, pour s'évader, à abuser d'Helga, la fille de la ferme, Roger, le boulanger, condamne cette attitude nuisant à cette famille allemande, de braves gens en vérité. Helga est arrêtée tandis que Jean retrouve à Paris Florence, son ancienne maîtresse qui couche à présent avec le chef de la Gestapo. En Allemagne, Roger fait son trou: remplaçant le bourgmestre parti au front, il se rend indispensable au village. Les mois passant, il se retrouve seul avec Helga qui s'est évadée et dont les parents sont morts. 1945: Roger est libéré et il a le cœur gros d'être obligé de quitter Helga. A Paris, Jean qui a fait de la résistance est sommé de quitter Florence dont les activités collaborationnistes ont été découvertes. C'est là que Roger, devenu un étranger pour sa femme, vient demander à Jean de l'aider à retourner en Allemagne pour y retrouver Helga...


A travers cette chronique couvrant cinq années de guerre, Cayatte prend le contrepied de l’image classique du héros: Roger déclare à Jean préférer passer pour un con que pour un salaud et c'est bien en salaud que Jean se conduit en abusant de la jeune Helga, amoureuse de lui. Grâce à Roger qui a refusé de suivre Jean, Cayatte montre la guerre vue du côté allemand. Un village allemand, semblable à un village français, comme le constate Roger, avec ses tragédies quotidiennes. Cayatte fait également de la collaboration un fait ordinaire, avec Florence, personnage désabusé et cynique qui n'a pas d'autre choix que de profiter de l'opportunité que lui offre l'Occupation. Toutefois, Cayatte ne juge pas. Il se contente d'exposer les faits et les raisons qui poussent les personnages à agir comme ils le font.
Et au bout du compte, l'on a un grand film.




Georges Rivière est Jean. Charles Aznavour est Roger.






Cordula Trantow est Helga.





Nicole Courcel est Florence.