Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
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Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Un site en anglais ET en Français sur les lieux de tournage des films de Sergio Leone uniquement. Pour ceux qui envisagent un petit périple en Espagne, les coordonnées GPS sont notées, un must !!!
http://regis.cluseau.perso.sfr.fr/SergioLeone/index.html
http://regis.cluseau.perso.sfr.fr/SergioLeone/index.html
Liko- Enzo G. Castellari
- Messages : 303
Date d'inscription : 07/04/2010
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Selon le blog de Tom Betts, certains sites sont depuis l'an passé ou maintenant en démolition (les sucreries de Il était une fois la Révolution, à Guadix, où on fusille les révolutionnaires dans les fosses)... le Cortijo del Fraile, près de Rodalquilar, semble aussi en voie d'abandon et de destruction avancé...
JO- Sergio Leone
- Messages : 4203
Date d'inscription : 10/05/2010
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
D'après un ami qui va presque une fois par an sur les différents sites des tournages, ça change à une vitesse virtigineuse d'année en année. La plupart des sites dont certains batiments sont maintenant grillagés et en reconstuction, modification totale. La grande dune a connue le buldozzer pour construire d'immenses complexes à touristes etc... triste fin pour un patrimoine qui mériterait qu'on s'y penche, mais les espagnols n'en ont cure à mon avis...
Liko- Enzo G. Castellari
- Messages : 303
Date d'inscription : 07/04/2010
ALMERIA
J"y ai été en :
juillet 1980.
août 1982.
mars-avril 1989.
mars-avril 1990.
juillet 1991.
août 1992.
août 1994.
août 1995.
août 1996.
août 1997.
Je n'y suis jamais retourné après 1997: depuis 1990 c'est une destruction lente et progressive, y compris dans les zones soi-disantes protégées (Parque Natural de Cabo de Gata), d'ailleurs depuis 90, je n'ai plus pris systématiquement de photographies, au vu des changements.
Il y a trente ans, on voyait rigoureusement, à 90 pour cent, ce que les films des années 60 avaient enregistrés. L'impréparation de mes premiers voyages m'a empêché, rétrospectivement, de tout voir à temps(sans parler du coût des Ektachromes pour tout photographier, en plus, on n'avait aucune information comme maintenant, ni video, ni rien que quelques citations ou articles.)
Aujourd'hui, il ne reste rien.
Le désert de dunes de Cabo de Gata (à ne pas confondre avec la dune côtière de la plage de Monsul, elle sur le littoral protégé ) a disparu depuis la fin des années 1980.
juillet 1980.
août 1982.
mars-avril 1989.
mars-avril 1990.
juillet 1991.
août 1992.
août 1994.
août 1995.
août 1996.
août 1997.
Je n'y suis jamais retourné après 1997: depuis 1990 c'est une destruction lente et progressive, y compris dans les zones soi-disantes protégées (Parque Natural de Cabo de Gata), d'ailleurs depuis 90, je n'ai plus pris systématiquement de photographies, au vu des changements.
Il y a trente ans, on voyait rigoureusement, à 90 pour cent, ce que les films des années 60 avaient enregistrés. L'impréparation de mes premiers voyages m'a empêché, rétrospectivement, de tout voir à temps(sans parler du coût des Ektachromes pour tout photographier, en plus, on n'avait aucune information comme maintenant, ni video, ni rien que quelques citations ou articles.)
Aujourd'hui, il ne reste rien.
Le désert de dunes de Cabo de Gata (à ne pas confondre avec la dune côtière de la plage de Monsul, elle sur le littoral protégé ) a disparu depuis la fin des années 1980.
JO- Sergio Leone
- Messages : 4203
Date d'inscription : 10/05/2010
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Pour infos, Terence Hill a renoncé à tourner Lucky Luke puis Petit Papa Baston à Almeria, où il se rend pour préparer les repérages, pour cause de ces transformations bouchant déjà les horizons cinématographiques.
Ce qui motivait les tournages, c' était aussi la possibilté d'une rotation à 360° sans rencontrer de signes de la modernité... (quoique les poteaux électriques, souvent habilement masqués, on peut les identifier..)
Ce qui motivait les tournages, c' était aussi la possibilté d'une rotation à 360° sans rencontrer de signes de la modernité... (quoique les poteaux électriques, souvent habilement masqués, on peut les identifier..)
JO- Sergio Leone
- Messages : 4203
Date d'inscription : 10/05/2010
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Liko a écrit:Un site en anglais ET en Français sur les lieux de tournage des films de Sergio Leone uniquement. Pour ceux qui envisagent un petit périple en Espagne, les coordonnées GPS sont notées, un must !!!
http://regis.cluseau.perso.sfr.fr/SergioLeone/index.html
Oui, j'ai consulté, c'est super bien fait!
Fredge
Fredge- Michele Lupo
- Messages : 424
Date d'inscription : 06/04/2010
Age : 57
Localisation : Belgium
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Lien vers les photos récentes de Marino G., qui montrent les sucreries de Guadix (Il était une fois la Révolution) détruites:
http://disc.yourwebapps.com/discussion.cgi?disc=160642;article=171864;title=Spaghetti%20Western%20Web%20Board
"Le temps nous a flétri, Noodles" (Deborah, Il était une fois en Amérique)
JO- Sergio Leone
- Messages : 4203
Date d'inscription : 10/05/2010
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Cet article d'Adrien Gombeaud relèce trop de raccourcis pour être juste, mais les citations de Hossein sur Leone sont intéressantes.
WEEK-END : LOISIRS • CARNET DE VOYAGE
Voyage dans le désert andalou où Sergio Leone tournait ses westerns.
Il était une fois à Almería
Les Echos n° 19056 du 19 Decembre 2003 • page 112
Nous y allions toujours en train. Il détestait l'avion. Nous partions de Rome et, pendant tout le trajet, il racontait le film qu'il allait tourner. Il décrivait les scènes une par une : les bruits, les lumières et même l'odeur ! » Robert Hossein se souvient... ses doigts pianotent sur son bureau et il se met à fredonner le refrain d'« Il était une fois dans l'Ouest ». Il évoque Sergio Leone, son ami disparu en 1989. Leone avait connu l'âge d'or de Cinecittà en tant qu'assistant pour De Sica, Raoul Walsh ou Orson Welles et réalisé ensuite sept films adorés dans le monde entier, dont cinq westerns tournés entièrement ou en partie dans la région d'Almería, en Andalousie.
Sergio Leone détestait au moins autant l'avion qu'il aimait le train. Il a filmé des trains lancés à toute vitesse avant d'exploser et d'autres que l'on attend indéfiniment en chassant les mouches... Ce soir-là, tel l'homme à l'harmonica au début d'« Il était une fois dans l'Ouest », M. Hernandez prend son temps. La petite gare de Guadix cache un trésor dont il détient les clefs. Le jour est tombé, il faut prendre garde à ne pas trébucher sur la voie désaffectée. La porte de l'immense hangar grince, les néons clignotent... et elle apparaît, immense, massive et rutilante : la star des locomotives à vapeur ! Leone l'a célébrée dans « Et pour quelques dollars de plus », dans « Il était une fois la révolution »... Toute la conquête de l'Ouest transpire de la puissance de cet énorme engin destiné à vaincre le désert à la force du charbon. David Lean l'utilisa aussi dans « Docteur Jivago » et Steven Spielberg dans « Indiana Jones et la Dernière Croisade ». Entièrement restaurée en 2001, elle fait la fierté de la gare : sa photo trône au-dessus du bar, à côté de celle du couple royal. Au centre-ville, on reconnaît nettement l'ombre de la cathédrale : dans les rues de Guadix, Leone inventa le Santa Fe d'« Il était une fois la révolution ». James Coburn et Rod Steiger y attaquent une banque... et c'est un train miniature bourré d'explosifs qui fait sauter la porte.
Entre Pompéi et le Texas
Leone avait découvert ce désert européen en 1959 alors qu'il était assistant sur « Les Derniers Jours de Pompéi ». Quand il revint avec Clint Eastwood réaliser son premier western, « Pour une poignée de dollars » en 1964, on y avait déjà tourné « Le Cid » avec Charlton Heston, « Cléopâtre » avec Elizabeth Taylor et bien sûr « Lawrence d'Arabie ». Pourtant, c'est lui et personne d'autre qui marquera le désert de Tabernas de son empreinte et donnera son nom à une rue d'Almería. « Il a véritablement inventé le cinéma à Almería », dit José Maria Rodriguez Linde, qui gère Mini-Hollywood, un ancien décor de cinéma authentique reconverti en parc à thème. On reconnaît bien la banque de « Et pour quelques dollars de plus », transformée en petit musée du cinéma. « Ici, nous n'avons pas les moyens de Disneyland, mais le parc s'inscrit dans le paysage du désert et pas sur un fond de banlieue parisienne. » Effectivement, la rue centrale débouche sur une montagne familière aux cinéphiles. Dans les années 1960 et 1970, de « Shalako » à « Conan le Barbare », les équipes se sont bousculées et on retrouve ce paysage dans presque tous les films tournés dans la région. Pourtant, jamais Almería ne devint le Los Angeles de l'Europe. Les productions de Rome, Paris ou Madrid s'installaient le temps d'un tournage et repartaient. M. Rodriguez soupire : « Ici, c'est l'Andalousie, pas la Californie, il nous a manqué un entrepreneur et une administration compétente. »
Un peu plus loin, au bout d'une route poussiéreuse, Texas Hollywood reçoit aussi des visiteurs et offre quelques attractions, mais il s'agit avant tout d'un véritable studio. Jan Kounen vient d'y tourner « Blueberry » avec Vincent Cassel et Juliette Lewis (sortie le 11 février). Dans des décors délavés à force d'être filmés traînent des chevaux, des bisons et des chameaux dressés à ne pas paniquer sous la lumière des spots. Accoudé au comptoir de son saloon, Rafael Molina, le charismatique propriétaire des lieux, s'écrie enthousiaste : « Tu vois, ce monde de fou existe encore ! » Pour lui, il est vain de chercher dans le désert les lieux de tournage de Leone : « Dans la scène du duel du " Bon, la Brute et le Truand ", les plans sur Clint Eastwood ne sont pas filmés au même endroit que ceux sur Eli Wallach ! » Le cinéaste créait son propre désert. On en retrouve cependant des éclats le long des chemins caillouteux qui parcourent le parc naturel du « Cabo de Gata ». Ainsi, El Cortijo del Fraile, une vaste demeure aujourd'hui laissée aux cactus, servit de décor dans « Et pour quelques dollars de plus ».
De Lorca à Leone
Elle est surtout connue ici pour avoir inspiré « Les Noces de sang » à García Lorca. De canyons abrupts en défilés accidentés, la démarche de Leone apparaît de plus en plus clairement. Il représente un cas unique dans l'histoire du cinéma : il n'est pas allé à Hollywood, il l'a fait venir à lui. Ses films ne nous parlent pas de l'Amérique, mais de l'Amérique du cinéma, des romans noirs et des bandes dessinées. Ce n'est pas le « rêve américain », mais un lointain rêve d'Amérique qui nous est conté. Il devait donc inventer son Amérique en Europe. On pense à cela devant la mine d'or désaffectée de Rodalquillar. Le précipice n'est pas si profond, mais de nombreuses productions ont construit de petits villages au fond du puits. A l'écran, ce sont de vraies villes prises d'un lointain sommet. On songe à Claudia Cardinale découvrant une ville miniature au fond d'un tiroir dans « Il était une fois dans l'Ouest », à Clint Eastwood déclarant dans « Pour une poignée de dollars » : « Vu d'en haut le monde est toujours moins effrayant. »
Sous le ciel de Méditerranée, ceux qui connaissent l'Ouest américain reconnaissent son silence, ses nuages suspendus, ses teintes rougeâtres et ses montagnes taillées au couteau, mais le tout semble porté à une échelle réduite. Le nom d'« Almería » viendrait selon une interprétation historiquement discutable de l'arabe « al Maryah » qui signifie « le Miroir ». Or Almería fut bien un reflet d'Amérique dans les prunelles d'un gosse de Rome. Après « Il était une fois en Amérique », son dernier film, Leone compara son cinéma à une boule de verre pour touristes : « On renverse la boule et, à larges flocons serrés, on voit tomber la neige. Voilà ce qu'était mon Amérique. Minuscule, fabuleuse, perdue pour toujours. »
Texas Leone, le plus petit des trois parcs, est situé au-dessus d'un défilé où Spielberg a tourné l'attaque de chars d'« Indiana Jones et la Dernière Croisade ». Augustín Gomez, qui s'occupe des chevaux, faisait partie des nombreux figurants et cascadeurs. C'est là que s'éveille l'image la plus précise. A côté des carcasses de voitures abandonnées par Mad Max se trouve le ranch de la famille McBain d'« Il était une fois dans l'Ouest ». On reconnaît le puits où Claudia Cardinale puise de l'eau pour Charles Bronson et, sur le perron, la cuisinière où elle prépare le café « bien chaud et bien sucré » de Jason Robards. En s'avançant plus loin dans la lumière, on se sent redevenir tout petit. Devant la colline qui se dresse, on prend soudain les yeux et les taches de rousseur d'un enfant fasciné et effrayé, car dans le flou surgit l'ombre d'un cow-boy. Il a le regard bleu d'un mythe : c'est Henry Fonda. Il crache une chique et sort un revolver.
Derrière la cathédrale d'Almería se tient le buste de la poétesse Celia Vinas, héroïne de la ville. Le tagueur qui l'a souillé d'un rouge rageur : « Kill your idols ! », a rendu un involontaire hommage à Sergio Leone, résumant en une phrase le thème du cinéaste. En faisant abattre un gamin par le beau Henry Fonda, il représentait la mort des héros de sa propre enfance. Ce sont les ruines de ce cinéma disparu que l'on fouille dans le désert de Tabernas. Il suffit qu'un petit vent tiède soulève un nuage de sable ou de poussière pour que se profilent des fantômes de cavaliers. Comme bercés par l'écho de l'orchestre d'Ennio Morricone, on retrouve la nostalgie infinie qui se dégage du cinéma de Sergio Leone...
Place aux touristes
Dans « Il était une fois dans l'Ouest », McBain achète un terrain en plein désert, devinant qu'il prendra de la valeur quand le train s'y arrêtera. Il appelle cette propriété « Sweet Water ». Or, à dix minutes d'Almería, se trouvait un village nommé « Aguadulce », où Leone aimait séjourner. Trente ans plus tard, Aguadulce surgit au détour d'un des virages de la jolie route à flanc de falaises qui longe le littoral. Avec ses hôtels de dix étages, ses résidences pour touristes et ses boîtes de nuit, elle est devenue une de ces énormes stations balnéaires où l'Europe vient se baigner. La plage, déserte en hiver, est désormais bordée de palmiers, l'été on s'y promène en cabriolet comme à Miami Beach. Mais l'eau est restée transparente et, dans les reflets de la Méditerranée, on revoit la fin d'« Il était une fois dans l'Ouest ». La caméra suit un instant Claudia Cardinale, puis s'envole et dévoile le rêve de McBain : des dizaines d'ouvriers posent des rails, soulèvent des poutres... Sweet Water jaillit du désert et l'homme à l'harmonica disparaît.
Comme le dit Robert Hossein : « Leone était un visionnaire nostalgique... » A travers l'épopée de l'Ouest, il racontait l'avenir de « son » Andalousie. Il avait peuplé ce désert de héros imaginaires, mais il savait que ses aventuriers mythiques devraient un jour céder la place au monde réel des touristes et des adultes, tirer leur révérence et marcher vers le crépuscule.
ADRIEN GOMBEAUD
Avec nos remerciements à l'Office du tourisme d'Espagne (01.45.03.82.50), qui a facilité ce reportage, et à notre guide, Maike Angé.
WEEK-END : LOISIRS • CARNET DE VOYAGE
Voyage dans le désert andalou où Sergio Leone tournait ses westerns.
Il était une fois à Almería
Les Echos n° 19056 du 19 Decembre 2003 • page 112
Nous y allions toujours en train. Il détestait l'avion. Nous partions de Rome et, pendant tout le trajet, il racontait le film qu'il allait tourner. Il décrivait les scènes une par une : les bruits, les lumières et même l'odeur ! » Robert Hossein se souvient... ses doigts pianotent sur son bureau et il se met à fredonner le refrain d'« Il était une fois dans l'Ouest ». Il évoque Sergio Leone, son ami disparu en 1989. Leone avait connu l'âge d'or de Cinecittà en tant qu'assistant pour De Sica, Raoul Walsh ou Orson Welles et réalisé ensuite sept films adorés dans le monde entier, dont cinq westerns tournés entièrement ou en partie dans la région d'Almería, en Andalousie.
Sergio Leone détestait au moins autant l'avion qu'il aimait le train. Il a filmé des trains lancés à toute vitesse avant d'exploser et d'autres que l'on attend indéfiniment en chassant les mouches... Ce soir-là, tel l'homme à l'harmonica au début d'« Il était une fois dans l'Ouest », M. Hernandez prend son temps. La petite gare de Guadix cache un trésor dont il détient les clefs. Le jour est tombé, il faut prendre garde à ne pas trébucher sur la voie désaffectée. La porte de l'immense hangar grince, les néons clignotent... et elle apparaît, immense, massive et rutilante : la star des locomotives à vapeur ! Leone l'a célébrée dans « Et pour quelques dollars de plus », dans « Il était une fois la révolution »... Toute la conquête de l'Ouest transpire de la puissance de cet énorme engin destiné à vaincre le désert à la force du charbon. David Lean l'utilisa aussi dans « Docteur Jivago » et Steven Spielberg dans « Indiana Jones et la Dernière Croisade ». Entièrement restaurée en 2001, elle fait la fierté de la gare : sa photo trône au-dessus du bar, à côté de celle du couple royal. Au centre-ville, on reconnaît nettement l'ombre de la cathédrale : dans les rues de Guadix, Leone inventa le Santa Fe d'« Il était une fois la révolution ». James Coburn et Rod Steiger y attaquent une banque... et c'est un train miniature bourré d'explosifs qui fait sauter la porte.
Entre Pompéi et le Texas
Leone avait découvert ce désert européen en 1959 alors qu'il était assistant sur « Les Derniers Jours de Pompéi ». Quand il revint avec Clint Eastwood réaliser son premier western, « Pour une poignée de dollars » en 1964, on y avait déjà tourné « Le Cid » avec Charlton Heston, « Cléopâtre » avec Elizabeth Taylor et bien sûr « Lawrence d'Arabie ». Pourtant, c'est lui et personne d'autre qui marquera le désert de Tabernas de son empreinte et donnera son nom à une rue d'Almería. « Il a véritablement inventé le cinéma à Almería », dit José Maria Rodriguez Linde, qui gère Mini-Hollywood, un ancien décor de cinéma authentique reconverti en parc à thème. On reconnaît bien la banque de « Et pour quelques dollars de plus », transformée en petit musée du cinéma. « Ici, nous n'avons pas les moyens de Disneyland, mais le parc s'inscrit dans le paysage du désert et pas sur un fond de banlieue parisienne. » Effectivement, la rue centrale débouche sur une montagne familière aux cinéphiles. Dans les années 1960 et 1970, de « Shalako » à « Conan le Barbare », les équipes se sont bousculées et on retrouve ce paysage dans presque tous les films tournés dans la région. Pourtant, jamais Almería ne devint le Los Angeles de l'Europe. Les productions de Rome, Paris ou Madrid s'installaient le temps d'un tournage et repartaient. M. Rodriguez soupire : « Ici, c'est l'Andalousie, pas la Californie, il nous a manqué un entrepreneur et une administration compétente. »
Un peu plus loin, au bout d'une route poussiéreuse, Texas Hollywood reçoit aussi des visiteurs et offre quelques attractions, mais il s'agit avant tout d'un véritable studio. Jan Kounen vient d'y tourner « Blueberry » avec Vincent Cassel et Juliette Lewis (sortie le 11 février). Dans des décors délavés à force d'être filmés traînent des chevaux, des bisons et des chameaux dressés à ne pas paniquer sous la lumière des spots. Accoudé au comptoir de son saloon, Rafael Molina, le charismatique propriétaire des lieux, s'écrie enthousiaste : « Tu vois, ce monde de fou existe encore ! » Pour lui, il est vain de chercher dans le désert les lieux de tournage de Leone : « Dans la scène du duel du " Bon, la Brute et le Truand ", les plans sur Clint Eastwood ne sont pas filmés au même endroit que ceux sur Eli Wallach ! » Le cinéaste créait son propre désert. On en retrouve cependant des éclats le long des chemins caillouteux qui parcourent le parc naturel du « Cabo de Gata ». Ainsi, El Cortijo del Fraile, une vaste demeure aujourd'hui laissée aux cactus, servit de décor dans « Et pour quelques dollars de plus ».
De Lorca à Leone
Elle est surtout connue ici pour avoir inspiré « Les Noces de sang » à García Lorca. De canyons abrupts en défilés accidentés, la démarche de Leone apparaît de plus en plus clairement. Il représente un cas unique dans l'histoire du cinéma : il n'est pas allé à Hollywood, il l'a fait venir à lui. Ses films ne nous parlent pas de l'Amérique, mais de l'Amérique du cinéma, des romans noirs et des bandes dessinées. Ce n'est pas le « rêve américain », mais un lointain rêve d'Amérique qui nous est conté. Il devait donc inventer son Amérique en Europe. On pense à cela devant la mine d'or désaffectée de Rodalquillar. Le précipice n'est pas si profond, mais de nombreuses productions ont construit de petits villages au fond du puits. A l'écran, ce sont de vraies villes prises d'un lointain sommet. On songe à Claudia Cardinale découvrant une ville miniature au fond d'un tiroir dans « Il était une fois dans l'Ouest », à Clint Eastwood déclarant dans « Pour une poignée de dollars » : « Vu d'en haut le monde est toujours moins effrayant. »
Sous le ciel de Méditerranée, ceux qui connaissent l'Ouest américain reconnaissent son silence, ses nuages suspendus, ses teintes rougeâtres et ses montagnes taillées au couteau, mais le tout semble porté à une échelle réduite. Le nom d'« Almería » viendrait selon une interprétation historiquement discutable de l'arabe « al Maryah » qui signifie « le Miroir ». Or Almería fut bien un reflet d'Amérique dans les prunelles d'un gosse de Rome. Après « Il était une fois en Amérique », son dernier film, Leone compara son cinéma à une boule de verre pour touristes : « On renverse la boule et, à larges flocons serrés, on voit tomber la neige. Voilà ce qu'était mon Amérique. Minuscule, fabuleuse, perdue pour toujours. »
Texas Leone, le plus petit des trois parcs, est situé au-dessus d'un défilé où Spielberg a tourné l'attaque de chars d'« Indiana Jones et la Dernière Croisade ». Augustín Gomez, qui s'occupe des chevaux, faisait partie des nombreux figurants et cascadeurs. C'est là que s'éveille l'image la plus précise. A côté des carcasses de voitures abandonnées par Mad Max se trouve le ranch de la famille McBain d'« Il était une fois dans l'Ouest ». On reconnaît le puits où Claudia Cardinale puise de l'eau pour Charles Bronson et, sur le perron, la cuisinière où elle prépare le café « bien chaud et bien sucré » de Jason Robards. En s'avançant plus loin dans la lumière, on se sent redevenir tout petit. Devant la colline qui se dresse, on prend soudain les yeux et les taches de rousseur d'un enfant fasciné et effrayé, car dans le flou surgit l'ombre d'un cow-boy. Il a le regard bleu d'un mythe : c'est Henry Fonda. Il crache une chique et sort un revolver.
Derrière la cathédrale d'Almería se tient le buste de la poétesse Celia Vinas, héroïne de la ville. Le tagueur qui l'a souillé d'un rouge rageur : « Kill your idols ! », a rendu un involontaire hommage à Sergio Leone, résumant en une phrase le thème du cinéaste. En faisant abattre un gamin par le beau Henry Fonda, il représentait la mort des héros de sa propre enfance. Ce sont les ruines de ce cinéma disparu que l'on fouille dans le désert de Tabernas. Il suffit qu'un petit vent tiède soulève un nuage de sable ou de poussière pour que se profilent des fantômes de cavaliers. Comme bercés par l'écho de l'orchestre d'Ennio Morricone, on retrouve la nostalgie infinie qui se dégage du cinéma de Sergio Leone...
Place aux touristes
Dans « Il était une fois dans l'Ouest », McBain achète un terrain en plein désert, devinant qu'il prendra de la valeur quand le train s'y arrêtera. Il appelle cette propriété « Sweet Water ». Or, à dix minutes d'Almería, se trouvait un village nommé « Aguadulce », où Leone aimait séjourner. Trente ans plus tard, Aguadulce surgit au détour d'un des virages de la jolie route à flanc de falaises qui longe le littoral. Avec ses hôtels de dix étages, ses résidences pour touristes et ses boîtes de nuit, elle est devenue une de ces énormes stations balnéaires où l'Europe vient se baigner. La plage, déserte en hiver, est désormais bordée de palmiers, l'été on s'y promène en cabriolet comme à Miami Beach. Mais l'eau est restée transparente et, dans les reflets de la Méditerranée, on revoit la fin d'« Il était une fois dans l'Ouest ». La caméra suit un instant Claudia Cardinale, puis s'envole et dévoile le rêve de McBain : des dizaines d'ouvriers posent des rails, soulèvent des poutres... Sweet Water jaillit du désert et l'homme à l'harmonica disparaît.
Comme le dit Robert Hossein : « Leone était un visionnaire nostalgique... » A travers l'épopée de l'Ouest, il racontait l'avenir de « son » Andalousie. Il avait peuplé ce désert de héros imaginaires, mais il savait que ses aventuriers mythiques devraient un jour céder la place au monde réel des touristes et des adultes, tirer leur révérence et marcher vers le crépuscule.
ADRIEN GOMBEAUD
Avec nos remerciements à l'Office du tourisme d'Espagne (01.45.03.82.50), qui a facilité ce reportage, et à notre guide, Maike Angé.
JO- Sergio Leone
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Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Sergio Leone, Almeria, sol y balas.
http://mundomonstruo.blogspot.com/2011/08/sergio-leone-almeria-sol-y-balas.html
A.
http://mundomonstruo.blogspot.com/2011/08/sergio-leone-almeria-sol-y-balas.html
A.
angel caldito castellano- Sergio Sollima
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Date d'inscription : 11/07/2011
Re: Lieux de Tournage des Films de Sergio Leone
Les ruines du village de Poblado Leone, La Calahorra Estacion, entre les bâtiments d'une exploitation agricole sur fond de terrains nouvellement plantés d'arbres :
https://picasaweb.google.com/108845142628113227381/Spagna2011#5624930007844680770
Album photo 2011 d'un expert italien en "locations", dont le site est toujours actif.
http://xoomer.virgilio.it/leonewestern/
https://picasaweb.google.com/108845142628113227381/Spagna2011#5624930007844680770
Album photo 2011 d'un expert italien en "locations", dont le site est toujours actif.
http://xoomer.virgilio.it/leonewestern/
JO- Sergio Leone
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Date d'inscription : 10/05/2010
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