Jeremiah Johnson - 1972 - Sydney Pollack

[Faja]

Ancien combattant de la guerre contre le Mexique et peut-être déserteur, Jeremiah Johnson (Robert REDFORD) décide de mener une vie de trappeur dans les Rocheuses.
Dans ce cadre aussi hostile que majestueux, il s'aguerrit au fil des saisons et des rencontres heureuses ou tragiques.
Jusqu'au jour où, conduisant une patrouille de soldats à la recherche de colons égarés, il traverse le cimetière sacré des Indiens Crow.

A première vue, c'est un western sans saloon mais avec des chasseurs d'animaux à fourrure et toutes sortes d'indiens, tourné en extérieur dans l'Utah - "Les plus belles sculptures de Dieu sont ici" dit un des personnages- et réalisé par un cinéaste qui n'est pas un spécialiste du genre.

Mais à y regarder de plus près, ce qui saute aux yeux, c'est l'originalité du scénario : la violation par Jeremiah du cimetière des Indiens Crow provoque un stupéfiant renversement du récit ; tous les évènements qui se sont déroulés avant cette violation

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se répètent ensuite mais dans un ordre inverse

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C'est la grande bascule.
C'est comme si le film se rembobinait pour revenir à son entame ; sauf qu'à la fin, le chef des Crow adresse à Jeremiah un signe de paix auquel celui-ci répond par le même signe alors qu'au moment de leur première rencontre, ils n'avaient fait que se toiser.
Ce geste symbolise la régénération du héros ; devenu encore plus fort, presqu'invincible, Jeremiah peut affronter de nouvelles aventures.
Car c'est bien un chemin initiatique qu'il a emprunté dans un sens et dans l'autre.

Dans son encyclopédie du western, Patrick Brion signale qu'une autre fin avait été envisagée : Jeremiah mourait gelé comme le chasseur d'ours qu'il avait découvert au début de ses pérégrinations dans les montagnes.
Un tel épilogue aurait accrédité les notions de prémonition et de fatalité et aurait donné un sens totalement différent à l'histoire de Jeremiah Johnson.

Telle qu'elle est, cette œuvre singulière ravira les cinéphiles amateurs de curiosités.