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Léon Morin, prêtre - 1961 - Jean-Pierre Melville

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Léon Morin, prêtre - 1961 - Jean-Pierre Melville Empty Léon Morin, prêtre - 1961 - Jean-Pierre Melville

Message  Faja Dim 11 Déc - 9:31

Léon Morin, prêtre - 1961 - Jean-Pierre Melville 20221211


Dans une petite ville française occupée pendant la seconde guerre mondiale, Barny une jeune veuve (Emmanuelle RIVA) travaille dans un institut de cours par correspondance.
Incroyante, elle décide par défi d'aller provoquer dans son confessionnal, Léon Morin un prêtre de son âge (Jean-Paul BELMONDO).

C'est le début entre eux d'une intense conversation sur Dieu lors de tête-à-tête de plus en plus fréquents et ambigus.



Assez scrupuleusement inspiré du roman autobiographique éponyme de Béatrix BECK, ce film est déconcertant tellement il détonne dans la filmographie de Jean-Pierre MELVILLE.
C'est une œuvre très bavarde, non pas en brèves de comptoir, en épanchements introspectifs ou en marivaudages -ce qui est fréquent dans le tout-venant cinématographique- mais en discussions ardues, limite soporifiques, sur la foi et la religion.

Pour rompre l'austérité de ces joutes verbales, MELVILLE les entrecoupe à bon escient de scènes courtes et diverses qui évoquent par petites touches la période trouble de l'Occupation : les soldats italiens emplumés qui défilent en sautillant sur les pavés, bientôt remplacés par les soldats allemands casqués qui défilent en martelant les mêmes pavés, l'institut parisien qui a été obligé de se replier et dans lequel travaillent Barny et ses amies, la traque des juifs, les déportations, les maquisards, les collabos...

Pour décrire Morin et Barny et les relations qui s'établissent entre eux, MELVILLE utilise avec maestria le filtre de l'ironie comme il l'avait fait dans Bob le Flambeur.
Malgré les assauts de Barny avec laquelle il joue un peu comme avec une enfant, l'abbé Morin qui n'est pas l'abbé Mouret de ZOLA ne commet aucune faute et reste raide dans sa soutane comme un samouraï dans son armure.
Et tandis que les hommes de son âge résistent à l'occupant dans le maquis, lui il résiste à la tentation. A chacun son combat.
De toute façon, enfant battu par sa mère, il n'aime pas les femmes et il dissimule sa misogynie derrière le célibat que l'église catholique lui impose opportunément.
Quant à Barny, frustrée sexuellement et contrainte de faire l'amour "avec un bout de bois" ("vous pourriez vous faire mal" lui rétorque ironiquement Morin quand elle lui confesse cette pratique), elle se jette dans les bras de Dieu faute d'avoir pu séduire l'abbé.

A la fin du film, après que Morin a pris congé de Barny sans un geste d'amitié et sur un simple au revoir tout en précisant qu'ils ne se reverront pas "dans ce monde" mais "dans l'autre", MELVILLE conclut par une séquence superbe et cruelle : l'abbé Morin est impassible en haut des escaliers tandis que Barny les descend totalement dévastée ; quand l'un reste au Ciel, l'autre redescend sur Terre.

Ce thème de l'incommunicabilité et de la solitude qui sera intensément développé dans Le Samouraï et Le Cercle Rouge est déjà bien présent dans ce film déroutant mais sublimé par le jeu éblouissant de ses deux principaux interprètes.
L'œuvre de MELVILLE est un TOUT magnifique.

Faja
Enzo G. Castellari

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