Mémoires de nos pères - Flags of our fathers - 2006 - Clint Eastwood

[Faja]

Du 19 février au 26 mars 1945, de sanglants combats opposent Américains et Japonais sur l'île d'Iwo Jima.
Au cours de la bataille, le drapeau étoilé est hissé au sommet du mont Suribachi, moment immortalisé par une photo qui connaît un immense succès.
Afin de promouvoir le 7ème emprunt national destiné à soutenir l'effort de guerre contre le Japon qui ne capitulera qu'en septembre 1945, les autorités américaines décident d'utiliser les trois combattants survivants ayant participé à l'élévation du drapeau, le Doc John Bradley (Ryan PHILLIPPE), René Gagnon (Jesse BRADFORD) et l'Indien Ira HAYES (Adam BEACH).
Les trois héros entament une longue et parfois éprouvante tournée à travers les USA.

Les amateurs de films de guerre risquent d'être déçus.
La scène de guerre la plus longue dure une dizaine de minutes (le débarquement des troupes américaines sur l'île) et les quelques autres, éparpillées tout au long du film, sont beaucoup plus courtes.
En effet, le focus est mis sur la fameuse photo de l'élévation du drapeau et sur son exploitation.
Une photo "merdique" comme le constate le représentant du Ministère des Finances, puisqu'on n'aperçoit pas les visages, ce qui crée le doute sur l'identité des héros.
Une photo qui s'avère être un remake puisqu'une autre photo a été prise peu de temps avant avec d'autres héros.
Mais une photo qui vaut de l'or.
Une bonne cause justifie toujours les petits arrangements avec la réalité.
Elle justifie même le mauvais goût, comme ce gâteau reproduisant l'élévation du drapeau qui est servi aux trois héros à la fin d'un repas, nappé d'un coulis de fraise...
Malgré tout, et alors que "l'Indien" se met à perdre les pédales, "le Doc" trouve un biais pour évacuer sa mauvaise conscience : "Les vrais héros sont morts sur cette île. On vous remercie d'acheter des bons en leur honneur" dit-il dans un discours.

L'intérêt majeur de cette œuvre est qu'elle questionne avec lucidité sur la guerre et sur l'héroïsme.
Mais la profusion des flash-backs et les apparitions répétées des principaux personnages à différents moment de leur vie compromettent la fluidité du récit et le rendent parfois confus.
En cinéaste chevronné, Clint EATSWOOD fait le job mais sans vraiment s'impliquer comme il le fait -souvent avec génie d'ailleurs- quand il réalise tout en étant lui-même interprète.
Intéressant mais décevant.
La même année et à propos de la même bataille mais vue du côté japonais, il réalise Lettres d'Iwo Jima qui sort sur les écrans français en 2007, créant ainsi un diptyque très original.
Ce second film pourtant tourné en japonais avec des acteurs nippons dont l'exceptionnel Ken WATANABE, est beaucoup plus réussi.
J'en reparlerai.