La Femme du Boulanger -1938- Marcel Pagnol

[Faja]

Aimable Castanier (RAIMU) vient à peine de reprendre la boulangerie d'un petit village provençal que sa jeune femme Aurélie (Ginette LECLERC) s'enfuit avec un séduisant berger (Charles MOULIN).
Estimant qu'on "ne peut pas être en même temps cocu et boulanger", il décide d'arrêter de fabriquer du pain tant que son épouse ne sera pas revenue.
Conduits par le maire (CHARPIN), les villageois partent à la recherche d'Aurélie.


C'est le film de Marcel PAGNOL que je préfère.
Quant à RAIMU (1883-1946) capable comme CHAPLIN, de glisser avec aisance du burlesque au tragique, il est prodigieux.
La réalisation de PAGNOL est certes sans relief mais ses dialogues sont étincelants.
Et si ses personnages sont caricaturaux -ceux de Molière aussi- ils sont croustillants à souhait et celui d'Aimable dépasse largement le stéréotype du cocu pour se montrer sensible et attendrissant.

Au début du film, PAGNOL donne une belle leçon de laïcité par la bouche de l'instituteur ; quand le curé lui reproche d'avoir dit à ses élèves que "Jeanne d'Arc crut entendre des voix", il lui répond : "en ce qui la concerne, elle les entendait peut-être fort clairement mais en ce qui me concerne, je n'en sais rien...je n'y étais pas".

S'agissant de la dernière scène, devenue culte, c'est un bijou de délicatesse ; comme Aimable ne s'autorise pas à dire crûment à sa femme ce qu'il pense de son infidélité, c'est à sa chatte Pomponnette, opportunément revenue après avoir été courir le matou, qu'il s'adresse : "garce, salope, ordure, c'est maintenant que tu reviens".
A Noël, Aimable le brave boulanger mérite bien une place de choix parmi les santons de la crèche provençale !

Une pensée particulière pour Robert BASSAC qui joue le rôle de l'instituteur et qui est mort pour la France en juin 1940 à l'âge de 30 ans.

[Rex Lee]

S'agissant de la dernière scène, devenue culte, c'est un bijou de délicatesse ; comme Aimable ne s'autorise pas à dire crûment à sa femme ce qu'il pense de son infidélité, c'est à sa chatte Pomponnette, opportunément revenue après avoir été courir le matou, qu'il s'adresse :

Un grand moment de cinéma.

[Faja]

Merci à Rex Lee de nous permettre de revoir à volonté ce moment inoubliable.

Dans Le Fruit Défendu un beau film souvent négligé d'Henri VERNEUIL de 1952, FERNANDEL alias docteur Charles Pellegrin utilise un procédé similaire pour s'adresser à son épouse qu'il a trompée ; par honte, il ne lui parle pas directement mais il lui rapporte les paroles du mari volage d'une femme qu'il vient d'accoucher : "je te jure Toinette que je ne te quitterai plus".
Et son épouse prenant sa part de responsabilité lui répondra en se servant du même procédé : "il y avait aussi un peu de la faute de Toinette...elle l'aimait peut-être mal".
Superbe également.

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